Diplomacy
Les ajustements stratégiques de la Chine, de l’Inde et des États-Unis dans le contexte géopolitique indo-pacifique
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First Published in: Apr.14,2024
Jul.01, 2024
Depuis le début du XXIe siècle, la région indo-pacifique est devenue le point central de la concurrence stratégique entre les grandes puissances mondiales. Cette région abrite de nombreux "points de passage" maritimes stratégiquement indispensables pour le commerce international, jouant un rôle majeur dans le transport mondial de pétrole, de gaz et de marchandises, reliant le Moyen-Orient, l'Australie et l'Asie de l'Est. Cet article examine la position géostratégique de la région indo-pacifique et les ajustements stratégiques dans les affaires étrangères de grandes puissances telles que les États-Unis, la Chine et l'Inde. Pour cela, les auteurs ont utilisé des méthodes de recherche en relations internationales pour analyser les principales problématiques de la recherche. Au-delà de ces recherches et des études universitaires antérieures, une approche comparative a été employée pour évaluer les interactions entre la théorie et les données. Les auteurs estiment que ces données sont cruciales pour évaluer avec précision l'importance stratégique de la région indo-pacifique. Mais aussi que cette zone constitue un élément essentiel pour les États-Unis, la Chine et l'Inde, qui doivent ajuster leur politique étrangère en conséquence. Les États-Unis ont proposé une stratégie appelée "Free and Open Indo-Pacific" (FOIP), tandis que l'Inde a formulé sa propre stratégie intitulée "Indo-Pacific Initiative". La Chine, quant à elle, a clairement exprimé sa stratégie indo-pacifique à travers la stratégie du "collier de perles" et l'initiative "Belt and Road" (BRI). Par conséquent, dans le contexte géopolitique de la région indo-pacifique, la concurrence entre les grandes puissances telles que les États-Unis, la Chine et l'Inde devient de plus en plus féroce et complexe. Cette rivalité intense a un impact significatif sur les autres pays de la région.
Mots-clés : Géopolitique ; Indo-Pacifique ; puissance ; ajustements stratégiques.
Aujourd’hui, la notion de la géopolitique ne fait pas l'objet de grand débat parmi les générations de chercheurs. Ceci contribue à renforcer la complexité du contexte international après la guerre froide et à créer diverses écoles dans l'étude des sciences politiques et des relations internationales. Cette disparité témoigne de l'interaction entre le développement de la théorie et l'évolution du statut politique international, mettant en lumière la nature variée de la politique internationale et des études politiques internationales.
Hans J. Morgenthau, un théoricien réaliste classique (1948), a déclaré : "La politique internationale, comme tout autre type de politique, est une lutte pour le pouvoir. Quels que soient les objectifs initiaux de la politique internationale, le pouvoir est toujours l'objectif prioritaire". En géopolitique, cette relation est élargie à une relation tripartite extrêmement complexe entre trois facteurs : la géographie, la puissance et la politique. Le dictionnaire Britannica définit la géopolitique comme "l'analyse de l'influence de la géographie sur les relations de pouvoir dans les relations internationales" (Deudney 2013). La géopolitique peut être considérée comme l'étape dialectique en succession à la relation entre la géographie et le pouvoir. La géographie ne détermine pas totalement la manière dont une action de pouvoir se produit, mais elle a une influence significative sur toute analyse politique. Elle est l'une des sources de grande puissance, mais elle est parfois la cause principale des différends entre les acteurs puissants. Au final, l'appropriation croissante des facteurs géographiques augmente le pouvoir et la puissance. C'est le dernier facteur, et peut-être le plus important, qui permet à un acteur politique international d'imposer sa volonté politique à un ou plusieurs autres acteurs politiques.
Au fil des siècles, les puissances occidentales ont systématiquement cherché différentes méthodes pour étendre leurs colonies et leurs emprises. Elles avaient pour but de contrôler les principales voies de transport mondiales et d'exploiter les ressources naturelles et humaines dans leurs zones d’influence ou d’occupation. Leur objectif était souvent de maintenir leur position mondiale ou régionale, ou bien de contester celle déjà existante. Cette approche géopolitique est fréquemment invoquée pour expliquer la paix, les conflits, la rivalité et le développement à travers l'histoire.
La géopolitique allemande traditionnelle, considérée comme le berceau de la géopolitique moderne, a émergé pendant la Première Guerre mondiale et a grandi sous le Troisième Reich. Cela s’est produit sous l'influence du déterminisme géographique, mais surtout sous celle de théories développées au milieu du XXe siècle. L’école allemande définit la géopolitique comme l'étude de dimension du point de vue de l'État. Karl Haushofer, notamment, a décrit la géopolitique comme "la nouvelle science nationale de l'État (...) une doctrine sur le déterminisme spatial de tous les processus politiques, basée sur les vastes fondements de la géographie, en particulier de la géographie politique"(Cohen 2015, 15). Ainsi, les facteurs géographiques sont considérés comme des acteurs objectifs relativement stables par nature. Les effets de ces facteurs sur les politiques d'un pays sont jugés comme intuitivement reconnaissables grâce à des méthodes déductives. Leurs conséquences sur les relations de pouvoir dans une région donnée peuvent être prédites avec précision grâce à cette même méthode de pensée. Cependant, la coexistence de variables géographiques et non géographiques rend la situation plus complexe et ambiguë.
Au début du XXIe siècle, l'approche pour comprendre la théorie du façonnage consistait non pas à étudier uniquement la géographie ou la politique, mais à établir une connexion entre les deux, passant de la politique à la géographie ou empruntant une voie bidirectionnelle entre ces deux facteurs. L'analyse de Saul Bernard Cohen est l'une des idées les plus répandues de l'impact de la géographie sur la politique. Cohen (2003) affirme que : "La géopolitique est l'analyse de l'interaction entre, d'une part, les cadres et perspectives géographiques et, d'autre part, les processus politiques. (...) Les contextes géographiques et les processus politiques sont tous deux dynamiques, et chacun influence l'autre. La géopolitique s'intéresse aux conséquences de cette interaction" (Cohen 2015, 16). En revanche, le point de vue d'Yves Lacoste, géographe français, est opposé. Il note que :
Le terme "géopolitique" est interprété de différentes manières. Il désigne tout ce qui relève de la lutte pour le pouvoir ou de l'influence sur des territoires et les populations qui y vivent, la rivalité entre tous les types de pouvoirs politiques. C'est-à-dire, non seulement les pays, mais aussi les mouvements politiques ou les groupes armés secrets, la rivalité pour le contrôle ou la domination de territoires, grands ou petits (Lacoste 2012, 28).
Nous ignorons le développement des interactions entre les entités politiques et cette définition montre que la "rivalité" entre elles joue le premier rôle dans cette vision de géopolitique. Il y a deux points que nous devons développer à partir de cette notion de géopolitique. Tout d'abord, les conflits, dont l'objectif premier est souvent la possession de ressources naturelles et humaines, même si un objectif sous-jacent peut exister en parallèle. Ensuite, la rivalité entre les entités politiques, qui représente une interaction naturelle, comparable au concept de pouvoir tel que reconnu par Foucault. Ces approches traditionnelles ont été remises en question par l'école de géopolitique critique, et qui est arrivé et s’est développée au début du XXIe siècle.
Selon la géopolitique critique, qui découle du structuralisme social, lorsque les experts en administration de l'État, élaborent des idées sur les lieux géographiques, celles-ci influencent et soutiennent leurs actions et leurs choix politiques. Ces idées façonnent également la manière dont les individus conçoivent leurs territoires et leur politique. Cette tendance a conduit les chercheurs à se concentrer sur l'analyse des discours géographiques afin de dévoiler les hypothèses sous-jacentes sur le pouvoir. L'objectif est de déconstruire les principaux concepts de la politique internationale (Flint 2006; Toal 2006). Néanmoins, la conscience conceptuelle de la géopolitique critique a été négligée. (Fouberg et al. 2012, 535).
Dans cet article, nous maintenons une terminologie unifiée. Les concepts débutant par le préfixe "geo" désignent généralement des théories comportementales ou des politiques (militaires, économiques, politiques, etc.) d'un ou de plusieurs États à travers des aspects géographiques, naturels ou humains, au lieu de se concentrer uniquement sur l'influence des variables géographiques. Les concepts préfixés par "geo" devraient appartenir aux sous-disciplines de la politique et des sciences politiques plutôt qu'à la géographie.
La région indo-pacifique s'étend le long des côtes de l'océan Indien et de l'océan Pacifique occidental, englobant les mers qui relient ces vastes étendues d'eau. Avec plus de la moitié de la population mondiale, cette région regorge de ressources et de voies maritimes d'une importance stratégique considérable. Elle est également un foyer d'activité économique dynamique, favorisant la coopération et la croissance entre les économies développées et en développement. Le terme "Indo-Pacifique" n'est pas nouveau, il a été tiré au domaine de la géobiologie, où il désigne les eaux tropicales s'étendant de la côte occidentale de l'océan Indien à l'océan Pacifique occidental. Le terme "Indo-Pacifique", à connotation géopolitique, a été mentionné pour la première fois par Gurpreet S. Khurana, directeur de la National Maritime Foundation à New Delhi (Inde). Dans l'article "Security of Sea Lines : Prospects for India-Japan Cooperation", publié dans Strategic Analysis en 2007, G.S. Khurana définit l'Indo-Pacifique comme un espace maritime reliant l'océan Indien à l'océan Pacifique occidental, bordant tous les pays d'Asie, y compris l'Asie occidentale, le Moyen-Orient et l'Afrique de l'Est (Khurana 2007, 150). Khurana souligne que les intérêts communs et fondamentaux de l'Inde et du Japon dans le domaine maritime seraient difficilement assurés si les océans Indien et Pacifique étaient perçus de manière isolée sur le plan stratégique. Ainsi, le terme "Indo-Pacifique" est né comme une nouvelle vision stratégique régionale.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe, dans son discours au Parlement indien en 2007, a restauré une ancienne vision géographique de l'Asie appelée "La confluence des deux mers" (ChandraandGhoshal 2018, 34). Il l’a qualifié de "couplage dynamique de mers de liberté et de prospérité" (ministère des Affaires étrangères du Japon 2007) en Asie, et a fixé l'objectif de relier l'océan Pacifique à l'océan Indien pour devenir la région "Indo-Pacifique", remplaçant ainsi le terme "Asie-Pacifique". Le concept "Indo-Pacifique" est censé être un concept géopolitique associé à des pays situés à l'intérieur et à l'extérieur des frontières géographiques de l'Asie-Pacifique. Depuis 2010, ce concept s'impose de plus en plus dans le discours stratégique et géopolitique et est utilisé par les décideurs politiques, les experts et les universitaires du monde entier. Outre la référence géographique à la connexion entre l'océan Pacifique et l'océan Indien, le concept a également une signification stratégique et géopolitique, reflétant les changements stratégiques, en particulier en matière de sécurité maritime.
En ce qui concerne l'espace géographique, le terme "Indo-Pacifique" désigne une zone de connexion entre l'océan Indien et l'océan Pacifique, combinant ces deux océans en une construction régionale unique (Berkofsky et Miracola, 2019, 13). Cette région s'étend principalement de la côte Est de l'Afrique à la côte Ouest des États-Unis. L'Indo-Pacifique se situe le long de l'océan Indien et de l'océan Pacifique occidental, englobant les mers qui relient ces deux océans et incluant des pays d'Asie du Nord-Est, d'Asie du Sud-Est, d'Asie du Sud, ainsi que de nombreux pays du Moyen-Orient et d'Afrique.
En ce qui concerne les rôles, les fonctions, la connectivité et l'interdépendance des deux océans, l'Indo-Pacifique présente une diversité d'ethnies, de religions, de cultures, de langues et de politiques. Cette région possède de riches ressources et d'importantes voies maritimes, compte les trois plus grandes économies du monde (les États-Unis, la Chine et le Japon). C’est aussi l'une des régions les plus dynamiques en termes d'économie, capable de soutenir et de promouvoir mutuellement les économies développées et en développement. L'Indo-Pacifique abrite neuf des dix ports maritimes les plus fréquentés au monde. Environ 60 % du commerce maritime mondial passe par cette région, dont un tiers par la mer de Chine méridionale (US Department of Defense, 2019). En outre, la route maritime de l'océan Indien est vitale pour le transport du pétrole, du gaz et des marchandises dans le monde entier, du Moyen-Orient à l'Australie et à l'Asie de l'Est. C'est également une mer réputée instable, où sévissent la piraterie et le terrorisme. C'est pourquoi de nombreux pays accordent une attention particulière à la sécurité de cette ligne de vie de l'économie mondiale.
Près de 90 % du commerce mondial et les deux tiers des hydrocarbures sont transportés à travers les océans, avec une concentration particulièrement élevée dans les océans Indien et Pacifique. L'océan Indien, en particulier, supporte plus de la moitié de la capacité mondiale d'expédition de conteneurs et représente environ 70 % de tous les transbordements d'hydrocarbures. Il constitue l'une des voies commerciales maritimes internationales les plus fréquentées, abritant près d'un neuvième des ports maritimes mondiaux et facilitant environ un cinquième des importations et exportations mondiales de marchandises (Zhu, 2018, p.4). Chaque année, plus de 100 000 navires traversent l'océan Indien, dont les deux tiers sont des pétroliers, un tiers des grands cargos et la moitié des porte-conteneurs mondiaux (Kumar et Hussain, 2016, p.151).
D'un point de vue stratégique, l'Indo-Pacifique est considéré comme une structure homogène reliée par le détroit de Malacca, principale voie commerciale reliant les deux océans. Deux facteurs contribuent au potentiel stratégique de l'Indo-Pacifique : d'une part, l'expansion de l'influence chinoise dans toute la région ; d'autre part, l'affaiblissement relatif du système d'alliance des États-Unis et leur tentative de le revitaliser (Das, 2019).
En raison de sa topographie tectonique, l'Indo-Pacifique abrite les voies maritimes les plus importantes du monde ainsi que des "points de passages" stratégiques majeurs. Parmi ces points, on compte le canal de Suez, Bab-el-Mandeb et le détroit d'Ormuz au nord-ouest, le canal du Mozambique au sud-ouest, le détroit de Malacca (qui relie l'océan Indien à l'océan Pacifique), les détroits de la Sonde et de Lombok au sud-est, ainsi que le cap de Bonne-Espérance. Le détroit d'Ormuz, est crucial, représentant 40 % des expéditions mondiales de pétrole brut. Quant au détroit de Malacca, il voit transiter la moitié du tonnage mondial de la marine marchande entre Singapour, l'Indonésie et la Malaisie (Kaplan, 2010, p.7). Avec les tensions croissantes en mer de Chine méridionale, le détroit de Malacca devient un centre majeur pour les pays dont les économies dépendent fortement de cette voie maritime stratégique.
Actuellement, la quantité de pétrole transportée par le détroit de Malacca est trois fois supérieure à celle du canal de Suez et 15 fois supérieure à celle du canal de Panama (Tan, 2011, p.93). Il est donc indéniable que la région indo-pacifique occupe une position critique pour le commerce maritime international, se situant à l'intersection des intérêts stratégiques politiques et économiques de nombreux pays puissants. Cette région est devenue de plus en plus importante au XXIe siècle, devenant ainsi le point focal et le centre du pouvoir mondial. Toutefois, l'Indo-Pacifique est également le théâtre d'une concurrence géopolitique et d'une compétition d'intérêts entre les grandes puissances. Les États-Unis, la Chine, l'Inde, le Japon et l'Australie ont tous procédé à des ajustements stratégiques pour accroître leur influence et protéger leurs intérêts dans cette région.
Le XXIe siècle est souvent qualifié de "siècle des mers et des océans", marqué par une concurrence intense entre les puissances mondiales pour obtenir des intérêts stratégiques en mer. Alors qu'auparavant, les nations se concentraient principalement sur la concurrence pour les objectifs militaires, les bases géostratégiques et les routes maritimes, aujourd'hui, la compétition s'est étendue aux avantages économiques et aux ressources marines. Les avancées dans les capacités militaires et les efforts pour rivaliser pour les ressources en mer témoignent d'une tendance croissante à utiliser le contrôle maritime pour influencer les affaires continentales. La théorie de la "puissance maritime" d'Alfred T. Mahan, un éminent penseur américain en matière de guerre navale et de stratégie maritime, a établi une idée pour les nations qui cherchent à promouvoir leur puissance maritime : "Le contrôle de la mer, par le commerce maritime et la suprématie navale, signifie une influence prédominante dans le monde ; car quelle que soit l'importance des richesses produites sur la terre, rien ne facilite les échanges nécessaires comme le fait la mer" (Mahan, 1897, p.124). Ainsi, la sécurité maritime dans la région indo-pacifique est devenue l'une des priorités majeures de la politique étrangère maritime des puissances. Bien que la région indo-pacifique soit globalement pacifique et sûre pour le moment, elle est confrontée à certains défis en matière de sécurité maritime :
Tout d'abord, en ce qui concerne les différents maritimes, il existe environ 40 différends maritimes entre les pays de la région, qui peuvent concerner la souveraineté territoriale ou les droits souverains sur les eaux. Parmi ces différends, ceux concernant la mer de Chine orientale, la mer de Chine méridionale, l'océan Indien et les îles Senkaku/Diaoyu sont considérés comme des points chauds potentiels pour une confrontation sino-américaine, voire une troisième guerre mondiale (Echle et al., 2020, p.126). Bien que ces zones n'aient pas encore été le théâtre de conflits armés directs, elles constituent une source sous-jacente de la montée des tensions sécuritaires dans la région. Ces conflits découlent principalement des divers besoins en matière de sécurité des nombreux pays de la région. De plus, en raison de leur importance stratégique, ces zones représentent des défis complexes en matière de sécurité maritime dans la région indo-pacifique, mettant en lumière la nature complexe des différends en jeu.
Deuxièmement, la piraterie et les vols à main armée ont propulsé le détroit de Malacca, la mer de Chine méridionale et l'océan Indien en tête de liste des eaux les plus dangereuses. En 2018, ces zones ont enregistré respectivement 8, 57 et 25 cas de piraterie, les plaçant au deuxième rang après l'Afrique de l'Ouest, qui a signalé 81 cas (Organisation maritime internationale, 2019, p.2). Alors que le nombre de cas de piraterie dans la mer de Chine méridionale et l'océan Indien a diminué à 34 et 10 respectivement, les incidents de piraterie dans le détroit de Malacca ont augmenté pour atteindre 45 en 2019 (Organisation maritime internationale, 2020, p.2). Un autre problème de sécurité maritime transnationale notable dans l'Indo-Pacifique est la piraterie au large des côtes somaliennes, affectant les eaux du golfe d'Aden, de la mer d'Arabie et de l'océan Indien occidental (Elleman et al., 2010, p.210). En réponse à cette menace, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 1816. Celle-ci permet aux pays coopérants, d'entrer dans les eaux territoriales somaliennes et d'utiliser tous les moyens nécessaires pour lutter contre la piraterie et les vols à main armée (Klein, 2011, p.280).
Troisièmement, outre la piraterie, la région indo-pacifique est le point de chute pour des organisations terroristes telles qu'Al-Qaïda et Al-Shabab. Après les attentats du 11 septembre, des pays comme Singapour, la Malaisie, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l'Australie ont régulièrement coordonné leurs forces navales pour lutter contre le terrorisme dans le détroit de Malacca. Ils protégent ainsi les pétroliers qui traversent la zone. De plus, de nouveaux risques pour la sécurité maritime émergent surtout dans la région indo-pacifique. En effet, les terroristes utilisent l'archipel malais comme sanctuaire pour repérer des cibles vulnérables dans la région et collaborer avec des extrémistes, des insurgés islamiques ou des membres de réseaux criminels organisés. Cette menace est devenue plus concrète depuis les attentats à la bombe de Bali en 2002 (Tan, 2011, p.91). De plus, des organisations terroristes comme Al-Qaïda, Abu Sayyaf et Jemaah Islamiyah ont étendu le terrorisme maritime à l'Asie du Sud-Est, affectant toute la région. L'attaque à la bombe contre le Super Ferry 14 aux Philippines en 2004 reste l'attentat terroriste maritime le plus meurtrier au monde à ce jour, ayant entraîné la mort de 116 personnes (Safety4Sea, 2019).
Enfin, le trafic de drogue et la traite des êtres humains sont des problèmes transnationaux fréquents dans la région indo-pacifique. De nombreux groupes criminels organisés multinationaux tirent une grande partie de leurs revenus du trafic de drogue par voie maritime. Les drogues produites en Afghanistan, en Inde et en Indonésie sont transportées par mer vers d'autres pays via des marchés illégaux. La production et le transport de drogues se développent dans la région indo-pacifique, et les groupes criminels exploitent le détroit de Malacca comme principale voie de distribution vers les pays d'Asie du Sud-Est (Zulkifli et al., 2020, p.19). De plus, le problème de la traite des êtres humains reste irrésolu, car les garde-côtes ou les services de sécurité des installations portuaires et des navires ne peuvent pas toujours prévoir ses conséquences.
En outre, le trafic d'armes constitue l'une des menaces pour la sécurité maritime dans la région indo-pacifique. La majeure partie du commerce d'armes a été transportée par des organisations criminelles par voie maritime dans des conteneurs du sud de la Thaïlande vers Aceh, le Bangladesh, l'Inde et le Sri Lanka via le détroit de Malacca et la mer d'Andaman (Zulkifliet al. 2020, 19). L'augmentation du commerce des armes contribue de manière significative à l'augmentation de la criminalité maritime, en particulier en Asie du Sud-Est et dans la région indo-pacifique au sens large. Par conséquent, les conflits de souveraineté territoriale et maritime, associés aux liens complexes entre la criminalité transnationale, la piraterie et le terrorisme, ont accru la complexité des menaces pour la sécurité dans le domaine maritime. Ces développements influencent fortement l'adaptation des stratégies étrangères de plusieurs grandes puissances, dont la Chine, l'Inde et les États-Unis.
La région indo-pacifique, abritant près de la moitié de la population mondiale, se trouve au centre des intérêts stratégiques politiques et économiques mondiaux. Avec ses ressources abondantes, ses nombreuses routes maritimes et ses activités économiques dynamiques, cette région joue un rôle de plus en plus crucial au XXIe siècle et au-delà. Cependant, l'Indo-Pacifique connait une concurrence géopolitique intense, de pressions croissantes sur le commerce et les chaînes d'approvisionnement, ainsi que de tensions dans les domaines de la technologie, de la politique et de la sécurité. Les grandes puissances telles que les États-Unis, la Chine, l'Inde, le Japon et l'Australie ont toutes ajusté leur stratégie pour accroître leur influence et protéger leurs intérêts dans cette région.
En effet, les États-Unis ont été parmi les premiers à proposer et à mettre en œuvre la stratégie de l'Indo-Pacifique libre et ouvert (FOIP). Ces dernières années, face aux évolutions géopolitiques mondiales, ils ont réagi en développant une stratégie indo-pacifique visant à rééquilibrer leur présence en Asie pour contrer l'ascension de la Chine. Cette stratégie implique le renforcement des alliances et des partenariats afin de défendre les intérêts américains dans une vaste région s'étendant de la côte ouest de l'Inde à celle des États-Unis. Le terme "Indo-Pacifique" a été introduit pour la première fois dans le discours officiel par la secrétaire d'État Hillary Clinton lors d'une réunion à Honolulu en octobre 2010. Sous la présidence de Donald Trump à partir de 2017, ce terme a été encore davantage mis en avant dans la politique officielle.
Au début du mois de juin 2019, le ministère américain de la Défense a officiellement annoncé pour la première fois le rapport sur la stratégie indo-pacifique. Cette stratégie vise à renforcer les alliances bilatérales et les mécanismes de coopération multilatérale des États-Unis dans les domaines économique, sécuritaire et maritime, en établissant un réseau complet couvrant l'Asie du Sud, du Sud-Est et du Nord-Est. Cette démarche souligne l'importance de l'Indo-Pacifique comme priorité absolue dans le programme de politique étrangère du président Donald Trump.
Le gouvernement de Trump a choisi l'Indo-Pacifique pour appuyer sur l'importance historique et contemporaine de l'Inde dans la région, tout en affirmant les intérêts des États-Unis et de leurs partenaires. Cette vision a été développée par le secrétaire d'État adjoint Alex N. Wong lors d'une conférence de presse début avril 2018, où il a expliqué la signification de la "liberté" et de “l’ouverture" dans la stratégie indo-pacifique du gouvernement de Trump. Selon Wong, la "liberté" dans cette stratégie met l'accent sur la liberté internationale, encourageant les pays de la région à poursuivre leur voie sans coercition extérieure. Au niveau national, les États-Unis cherchent à promouvoir la liberté en encourageant l'adoption de pratiques telles que la bonne gouvernance, la protection des droits fondamentaux, la transparence et la lutte contre la corruption. D'autre part, “l’ouverture" se concentre principalement sur l'expansion du trafic maritime et aérien. Étant donné que près de la moitié du commerce international traverse l'Indo-Pacifique, principalement par la mer de l'Est, l'expansion des routes maritimes et aériennes dans cette région revêt une importance croissante à l'échelle mondiale (Le 2018).
La "Vision pour un Indo-Pacifique libre et ouvert" des États-Unis est apparue dans deux motivations principales. Tout d'abord, elle découle de facteurs internes liés à la sécurité nationale et au rôle mondial des États-Unis. En tant que zone adjacente à de nombreux océans, portes et détroits reliant les États-Unis au reste du monde, l'Indo-Pacifique a toujours été considérée par les États-Unis comme une région stratégique critique. Ils considèrent qu’elle est directement liée à leur sécurité nationale et à leur leadership mondial. La mise en œuvre de la stratégie FOIP est donc un moyen pour les États-Unis de protéger leurs intérêts nationaux, de garantir la liberté et la sécurité du trafic maritime. Elle permet aussi de maintenir un équilibre des forces favorable et de promouvoir les activités diplomatiques et les échanges socioculturels dans la région.
Deuxièmement, la montée en puissance de la Chine et ses actions telles que la construction et la militarisation de la mer de Chine orientale sont perçues comme une menace pour la libre circulation des échanges, la souveraineté des pays et la stabilité régionale. De plus, l'initiative Belt and Road (BRI) de la Chine remet également en question le rôle de leader des États-Unis dans la région indo-pacifique. Cette initiative met en lumière l'absence de mécanismes multilatéraux de sécurité dans la région. Ces mécanismes se reposent principalement sur des accords et des arrangements bilatéraux, tels que le traité de sécurité américano-japonais et le traité de défense bilatéral américano-sud-coréen.
La stratégie indo-pacifique libre et ouverte des États-Unis repose sur trois piliers fondamentaux : la sécurité, l'économie et la gouvernance. Les objectifs de cette stratégie sont multiples. Premièrement, elle vise à maintenir le leadership américain à long terme dans la région indo-pacifique et au niveau mondial, en particulier face à la Chine et à la Russie. En effet, ces deux pays sont explicitement identifiés par les États-Unis comme les principaux concurrents stratégiques dans la stratégie de sécurité nationale de 2017 et la stratégie de défense nationale de 2018. Deuxièmement, la stratégie promeut un commerce libre, équitable et réciproque. Les États-Unis s'opposent aux déficits commerciaux et aux pratiques commerciales déloyales des autres nations, et exigent au contraire un comportement égal et responsable de la part de leurs partenaires commerciaux. Troisièmement, elle vise à préserver l'ouverture de l'espace maritime et aérien dans la région. Quatrièmement, elle s'attaque efficacement aux défis traditionnels et non traditionnels en matière de sécurité, y compris le programme nucléaire de la Corée du Nord. Enfin, la stratégie s'efforce de garantir l'adhésion à l'État de droit et la protection des droits individuels (TheUSDepartment of Defense2019). La stratégie indo-pacifique libre et ouverte des États-Unis vise à garantir les intérêts du pays, en se concentrant sur la prospérité, la paix, la puissance par le déploiement de la puissance américaine, et l'influence par les valeurs et les principes américains.
La stratégie indo-pacifique des États-Unis prévoit que les voies maritimes vitales de l'Indo-Pacifique "créeront la base du commerce et de la prospérité mondiale" (TheUSDepartment of Defense2019). C'est pourquoi les États-Unis s'efforcent de promouvoir un Indo-Pacifique libre et ouvert en favorisant les liens en matière d'économie, de gouvernance et de sécurité. Son objectif principal est de construire un axe d'alliance, le Dialogue quadrilatéral de sécurité (1) (QUAD), comprenant les États-Unis, le Japon, l'Australie et l'Inde. Cette alliance cherche à freiner et à empêcher la montée en puissance de la Chine dans la région, tout en maintenant les intérêts économiques, politiques, militaires et diplomatiques des États-Unis (Pham andVu 2020, 103). C'est l'un des principaux piliers qui contribuent à la réalisation de cette stratégie de connectivité entre les deux océans. La QUAD vise à favoriser le partage d'intérêts communs, de valeurs et de perceptions des menaces à la sécurité entre ses quatres pays membres. Cette collaboration cherche à établir une dynamique de puissance équilibrée qui maintient un ordre "fondé sur des règles" dans la région indo-pacifique. Le 12 mars 2021, la QUAD s'est officiellement réunie en ligne pour réaffirmer sa mission principale de sécurité maritime, dans le but de contrer l'influence croissante de la Chine tant sur le plan régional que mondial (The White House 2021a).
Au-delà du QUAD, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie ont annoncé le 15 septembre 2021 la création d'un partenariat de sécurité tripartite dans la région indo-pacifique, connu sous le nom d'AUKUS. Ce partenariat vise à renforcer la coopération en matière de sécurité dans l'océan Indien et dans l'ensemble de la région indo-pacifique. L'AUKUS représente une nouvelle structure en matière de sécurité "triangulaire" dans la région, visant à protéger et à promouvoir les intérêts communs des parties concernées. Selon une déclaration commune du président américain Joe Biden, du Premier ministre australien Scott Morrison et du Premier ministre britannique Boris Johnson, ce partenariat est guidé par les idéaux durables et l'engagement commun envers l'ordre international fondé sur des règles (The White House 2021b). L'objectif principal de l'AUKUS est de contribuer au maintien de la paix et de la stabilité dans la région indo-pacifique. Cette alliance renforce les liens de sécurité entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie et renforce leur capacité collective à faire face aux défis sécuritaires émergents dans la région (The White House 2021b).
Le 15 septembre 2021, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie ont officiellement annoncé la création d'un partenariat de sécurité tripartite dans la région indo-pacifique, connu sous le nom d'AUKUS. Cette initiative représente une nouvelle structure de sécurité "triangulaire" visant à protéger les intérêts communs dans l'océan Indien et le Pacifique. Une déclaration commune du président américain Joe Biden, du premier ministre australien Scott Morrison et du premier ministre britannique Boris Johnson a affirmé que ce partenariat, guidé par des idéaux durables et un engagement envers un ordre international fondé sur des règles, vise à "contribuer au maintien de la paix et de la stabilité dans la région indo-pacifique"(The White House 2021b). Ces développements illustrent les efforts des États-Unis pour promouvoir la coopération stratégique et renforcer leur engagement dans les domaines économique, politique et sécuritaire. Par le biais de ce partenariat, ainsi que d'autres initiatives, les États-Unis cherchent à renforcer leur rôle et à préserver leur influence dans la région indo-pacifique, dans le cadre de leur stratégie globale de "l'Amérique d'abord".
La Chine, en tant que puissance majeure en Asie et dans le monde, concentre son attention sur des régions stratégiques telles que l'Indo-Pacifique. Depuis la guerre froide, et surtout au cours des deux premières décennies du XXIe siècle, l'ascension de la Chine a eu un impact significatif sur le développement mondial, réorganisant la répartition du pouvoir à l'échelle mondiale. Comme le souligne Robert D. Kaplan, professeur à l'Académie navale des États-Unis : "La Chine est en train de modifier l'équilibre des pouvoirs dans l'hémisphère oriental. Son influence s'étend de l'Asie centrale à l'Extrême-Orient russe, tant sur terre que sur mer, et de la mer de l'Est à l'océan Indien" (Kaplan, 2012, p. 200). La Chine a consolidé sa présence dans l'Indo-Pacifique grâce à des stratégies telles que le "collier de perles" et l'initiative "la Ceinture et la Route" (BRI).
Le terme "collier de perles" a été inventé par des analystes américains pour décrire le réseau de voies maritimes de la Chine s'étendant du sud de la Chine à l'océan Indien. Cela englobe des points stratégiques comme le détroit de Mandab, le détroit de Malacca, le détroit d'Ormuz et le détroit de Lombok. Il inclut également d'autres pays ayant des intérêts maritimes importants, tels que le Pakistan, le Sri Lanka, le Bangladesh, les Maldives et la Somalie. Au sein de ce réseau, des installations notables telles que la base militaire de l'île de Hainan, l'installation de transport de conteneurs de Chittagong (Bangladesh), le port en eau profonde de Sittwe, le port de Kyaukpyu, le port de Yangon (Myanmar), la base navale de Gwadar (Pakistan) et le port de Hambantota (Sri Lanka) sont appelées les "joyaux" ou les "perles". Cette chaîne de "perles" s'étend de la côte chinoise jusqu'aux récifs de la mer d'Oman et du golfe Persique, en passant par la mer de l'Est, le détroit de Malacca et l'océan Indien (Kaplan2012, 200). Chaque "joyau" du "collier de perles" représente l'influence géopolitique ou la présence militaire de la Chine dans des régions clés telles que l'Indo-Pacifique et la mer de l'Est, ainsi que d'autres mers d'une importance stratégique. En effet, cette stratégie de la Chine vise à étendre son influence depuis Hainan, dans la mer de l'Est, jusqu'au golfe Persique, en englobant les voies maritimes les plus fréquentées du monde. Ses principaux objectifs incluent la sécurisation de ses approvisionnements en ressources, notamment énergétiques, et la consolidation de son influence géopolitique dans la région.
Effectivement, dans le cadre de la stratégie du "collier de perles", la Chine a renforcé ses relations avec plusieurs pays voisins de l'Inde, dont le Pakistan, le Népal, le Bangladesh et le Sri Lanka. Le Myanmar occupe une position stratégique cruciale dans cette dynamique, servant de pivot pour les ambitions d'expansion de la Chine en Asie du Sud-Est et en Asie du Sud (Gupta2013, 82). Situé entre deux puissances régionales majeures, la Chine et l'Inde, le Myanmar détient une importance géostratégique significative. En tant que nation côtière de l'océan Indien, le Myanmar offre à la Chine un accès crucial à cette région par l'est, via le golfe du Bengale et la mer d'Andaman. Le Myanmar est stratégiquement important pour l'Inde et joue un rôle clé dans les ambitions de la Chine d'atteindre l'océan Indien. Le Myanmar est le seul pays voisin qui peut donner à la Chine un accès à l'océan Indien par l'est, à savoir le golfe du Bengale et la mer d'Andaman (Myoe 2015, 26-27).
Les efforts déployés par la Chine dans le golfe du Bengale et la mer d'Andaman constituent les premières étapes de sa stratégie visant à sécuriser ses intérêts dans l'océan Indien. En aidant le Myanmar à développer des bases navales à Sittwe, Hianggyi, Khaukphyu, Mergui et Zadetkyi Kyun, la Chine a établi des installations de ravitaillement et des stations radar pour soutenir les opérations de ses sous-marins opérant dans le golfe du Bengale (Singh2007,3). Ces installations offrent à la Chine un moyen de collecter de renseignements sur les activités de la marine indienne et servent de bases avancées pour ses opérations navales dans l'océan Indien. Alors que les efforts d'expansion navale de l'Inde stagnent, la présence croissante de la marine chinoise dans la région a d'importantes implications stratégiques pour l'Inde. Les avantages géographiques traditionnels de l'Inde sont de plus en plus menacés par la capacité croissante de la Chine à étendre son influence au Myanmar. Les experts militaires américains soulignent que le "collier de perles" permet à la Chine de surveiller et de contrôler les voies maritimes vitales en Asie et dans le monde, de contenir l'Inde, le Japon et la Corée, et de garantir un accès direct aux sites stratégiques du Pacifique.
Dans le cadre de la stratégie du "collier de perles", la Chine consolide ses liens avec les pays de la région en concluant des accords d'aide, de commerce et de défense, tout en lançant de nouvelles initiatives de coopération. En 2013, le président chinois Xi Jinping a initié l'ambitieuse "Ceinture et Route" (ICR), également connue sous le nom de Nouvelle Route de la Soie. Cette initiative se divise principalement en deux composantes :
(i) La Ceinture économique de la Route de la Soie, souvent appelée Route de la Soie terrestre, est un réseau de routes conçu pour relier la Chine à l'Asie centrale, à la Russie et à l'Europe, ainsi qu'à travers l'Asie centrale et l'Asie occidentale jusqu'au golfe Persique, à la mer Méditerranée, et enfin à l'Asie du Sud-Est, l'Asie du Sud et l'océan Indien.
(ii) La Route de la Soie maritime du XXIe siècle vise à établir des liens entre les principaux ports de différents pays, facilitant le commerce et le transport maritime. Elle comprend également le développement d'un corridor économique à travers l'océan Indien, reliant la Chine à l'Asie du Sud, au Moyen-Orient, à l'Afrique et à la Méditerranée (Pham 2019, 31-32).
Les objectifs de l'initiative "la Ceinture et la Route" (BRI) sont multiples :
1. Élargir l'espace stratégique : créer une arrière-cour pour la Chine afin de renforcer son influence sur les continents eurasiatique et africain, offrant ainsi un équilibre à la stratégie indo-pacifique des États-Unis.
2. Domination des régions maritimes : La Chine cherche à dominer les régions de l'océan Indien et de l'océan Pacifique en contrôlant les voies de navigation et les infrastructures portuaires régionaux, garantissant ainsi son accès aux approvisionnements en pétrole et en gaz. Elle envisage également d'établir des bases militaires le long de ces routes maritimes.
3. Expansion du "soft power" : En favorisant le développement économique et les échanges culturels le long des routes de la BRI, la Chine cherche à renforcer son influence et son attractivité dans ces régions, consolidant ainsi son "soft power".
4. Renforcement de la sécurité nationale : construire un périmètre de sécurité autour de la Chine pour empêcher les États-Unis et leurs alliés de pénétrer dans la région que Pékin considère comme son "arrière-cour", en aidant la Chine à s'ouvrir sur le monde.
5. Promouvoir la coopération économique régionale : en utilisant cette coopération économique pour améliorer les relations politiques et agir comme un catalyseur pour résoudre les problèmes entre la Chine et les pays de la région. Mais aussin prévenir l'isolement des pays régionaux en conflit avec la Chine, y compris les différends maritimes et insulaires.
6. À travers les "5 canaux" : (politique, communication sur terre et en mer, commerce, monnaie et population). L'initiative cherche à accéder à l'économie régionale, à la pénétrer et à l'influencer afin de favoriser le développement économique de la région. Ce qui permettrait à la Chine d'exercer un contrôle sur le commerce international, l'évaluation et la distribution des ressources mondiales.
7. Résoudre le problème de la surcapacité de production : en trouvant des débouchés pour les biens excédentaires, en recherchant des opportunités d'investissement. Mais aussi en utilisant efficacement les importantes réserves de change de la Chine, en identifiant des marchés pour le yuan et en accélérant le processus d'internationalisation du renminbi.
8. La priorité à l'accès aux ressources énergétiques : en particulier au pétrole et au gaz.
9. Exploiter l'environnement pour créer des conditions propices à un développement plus équilibré entre les différentes régions du pays, en mettant un accent particulier sur les zones frontalières et l'ouest de la Chine (Dinh 2021, 7-8). La BRI de la Chine accorde une importance particulière au secteur maritime, avec la proposition de la "Route de la soie maritime du XXIe siècle" visant à relier les ports maritimes, qui représentent l'une des deux principales connexions entre la Chine et l'Europe (Kuo and Kommenda 2018). Dans l'ensemble, la BRI vise des objectifs stratégiques dans les domaines de la politique, de la sécurité, de l'économie, de la souveraineté territoriale et de la création d'un nouveau cadre de règles du jeu régionales et mondiales, dans lesquels la Chine occupe une position centrale (Tran 2017, 100).
En réponse à la stratégie indo-pacifique des États-Unis et du QUAD, la Chine a renforcé ses liens avec la Russie et l'Iran, consolidant ainsi l'alliance sino-russe au sein de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Le 17 septembre 2021, la Chine a également accueilli l'Iran au sein de cette organisation. Cette convergence a créé un "nouveau triangle de puissance maritime" entre la Chine, la Russie et l'Iran. Les trois pays se préparent à mener un exercice maritime conjoint dans le golfe Persique. Auparavant, en décembre 2019, ces nations avaient déjà organisé un exercice maritime cummun dans l'océan Indien et le golfe d'Oman, alors que les tensions entre Washington et Téhéran étaient à la hausse.
L’Inde
L'Inde, en tant que puissance continentale occupant une position stratégique au cœur de l'océan Indien, est devenue un acteur de premier plan dans la région indo-pacifique, adaptant ainsi sa stratégie étrangère pour répondre aux défis et aux opportunités de la région. Depuis 1992, la politique indienne "Look East" a étendu l'influence de l'Inde aux pays d'Asie du Sud-Est et de l'Est. Au fil du temps, l'engagement régional de l'Inde est passé des simples liens économiques à une coopération en matière de sécurité. Sous le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi, la politique "Act East", mise en œuvre depuis 2014, a renforcé l'engagement de l'Inde dans la région indo-pacifique, en privilégiant les partenariats stratégiques. L'Inde a développé sa propre vision de la région, axée sur la promotion de la paix, de la stabilité et de la prospérité. Cette vision repose sur des principes tels que l'égalité en mer et dans les airs, la liberté de navigation, la lutte contre la criminalité maritime, la protection de l'environnement marin et le développement d'une économie verte, comme indiqué dans les documents officiels du ministère des Affaires étrangères du gouvernement indien en 2018. En 2015, dans le rapport "Assurer la sécurité maritime : Stratégie de sécurité maritime de l'Inde", l'Inde a clairement indiqué que sa vision stratégique était passée de la zone euro-atlantique à la zone indo-pacifique, associée à la politique "Act East". Dans son discours au Shangri-La Dialogue en juin 2016, le Premier ministre indien Narendra Modi a présenté la vision de l'Inde pour la région indo-pacifique. Il a mis en avant l'engagement de l'Inde dans les organisations régionales, en mettant l'accent sur l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) en tant que pivot de la région. Il a souligné l'importance de la participation de l'Inde à des forums tels que le Sommet de l'Asie de l'Est (EAS) et la réunion des ministres de la défense de l'ANASE Plus (ADMM+)
Le Premier ministre indien Narendra Modi a officiellement présenté l'initiative indo-pacifique pour la première fois lors de son discours au dialogue Shangri-La le 1er juin 2018 à Singapour. Il a souligné que l'Indo-Pacifique est une région naturelle et que l'Inde ne la considère pas comme une stratégie ou un cercle restreint. Cette déclaration marque l'engagement de l'Inde envers une approche ouverte et inclusive de la région indo-pacifique (ministère des Affaires extérieures, gouvernement de l'Inde, 2018). Le Premier ministre Modi a réitéré cette idée lors du 14ᵉ sommet de l'Asie de l'Est (EAS) à Bangkok (Thaïlande) le 4 novembre 2019, en soulignant la nécessité de traduire les principes de l'Indo-Pacifique en mesures concrètes visant à sécuriser l'environnement maritime commun. Cette proposition transforme également la conception indienne de la région indo-pacifique en mesures pratiques et applicables dans le domaine maritime.
En matière de politique, l'Inde a clairement affirmé sa volonté de mettre en œuvre l'initiative indo-pacifique en établissant une direction générale pour l'Indo-Pacifique au sein du ministère des Affaires étrangères (MEA) dès avril 2019. Cet accord basé sur la fusion d'organisations internationales, telles que l'ANASE, l'Indian Ocean Rim Association (IORA) et la QUAD, qui comprend les États-Unis, le Japon, l'Australie et l'Inde. En septembre 2020, l'Inde a poursuivi ses efforts en établissant la Direction de l'Océanie au sein du MEA. Cette initiative vise à étendre la portée administrative et diplomatique de l'Inde, couvrant une vaste étendue géographique allant de l'ouest de l'océan Pacifique à la mer d'Andaman.
L'initiative indo-pacifique de l'Inde repose sur sept piliers, dont :
1) la sécurité maritime, 2) les écosystèmes marins, 3) les ressources marines, 4) le renforcement des capacités et le partage des ressources, 5) la réduction et la gestion des risques de catastrophe, 6) la coopération technologique et commerciale, et 7) la connectivité et le transport maritime. Ces derniers peuvent être regroupés en six groupes : 1) sécurité maritime ; 2) écosystèmes marins et ressources marines ; 3) renforcement des capacités d'application de la législation maritime et partage des informations ; 4) gestion et réduction des risques de catastrophe ; 5) coopération scientifique et technologique ; 6) connexion commerciale et transport maritime (Nguyen 2021). L'approche de l'Inde à l'égard de cette stratégie est globale et transcende les questions de sécurité traditionnelles ou les défis géopolitiques. L'Inde souhaite également promouvoir la coopération sur les questions environnementales liées aux secteurs de la mer et des océans. Dans le cadre de l'initiative indo-pacifique, l'Inde souhaite diriger, présider et coordonner la coopération à l'intérieur et à l'extérieur de la région, en particulier avec les petits et moyens pays.
L'Inde adopte une perspective géographique étendue de la région indo-pacifique dans le cadre de son initiative, englobant la côte africaine à l'ouest de l'océan Indien et de la mer d'Oman, ainsi que les pays voisins du Golfe, les îles de la mer d'Oman et la région africaine. En mettant en avant les "deux pôles géographiques" de l'initiative indo-pacifique, l'Inde insiste sur l'équilibre entre les deux axes politiques, "Agir à l'Est" et "Agir à l'Ouest", qui sont au cœur de sa stratégie régionale.
Pour l'Inde, le renforcement de la coopération en matière de sécurité avec les États-Unis, l'établissement d'un partenariat stratégique spécial avec le Japon et le maintien des relations avec l'Australie sont des éléments cruciaux pour façonner l'architecture économique et de sécurité de la région, en s'appuyant sur l'alliance du "quadrilatère du diamant". Parallèlement, pour s'intégrer pleinement à l'espace indo-pacifique ouvert, l'Inde renforce également ses liens avec des pays asiatiques, européens et africains.
CONCLUSION
En raison de la configuration actuelle de la région indo-pacifique, les principales puissances régionales ont graduellement transformé cette zone en un champ de compétition stratégique. Les nations intéressées par cette région sont activement engagées dans le développement de son architecture régionale, cherchant à consolider leur position pour contrerbalance leur influence dans les affaires internationales. Aujourd'hui, l'Indo-Pacifique est largement reconnue comme un élément crucial dans l'évolution de la géopolitique mondiale, devenant ainsi l'épicentre de nombreuses rivalités de pouvoir. Outre les États-Unis, deux puissances asiatiques, la Chine et l'Inde, jouent un rôle majeur dans la sécurité régionale. Ces deux pays concentrent leurs efforts sur l'amélioration de la sécurité dans la région, une rivalité qui revêt une importance particulière en raison de leur position géographique stratégique. Contrairement à son attitude historiquement passive dans d'autres régions, l'Inde est désormais pleinement engagée dans une stratégie visant à contenir l'influence chinoise en Indo-Pacifique. Dans cette dynamique compétitive, l'Inde se rapproche des États-Unis tout en adoptant une posture neutre. Parallèlement, elle cherche activement à renforcer son influence et à consolider ses relations multilatérales pour réduire l'écart de puissance qui la sépare de la Chine dans la région.
En ce qui concerne l'influence croissante de la Chine dans la région et ses implications en matière de sécurité pour l'Inde et les autres pays de la région, le pessimisme est largement répandu, en particulier dans les analyses occidentales. Cependant, il est important de noter que les relations entre l'Inde et la Chine présentent un équilibre délicat entre coopération et conflit, reflétant en cela les relations entre les États-Unis et la Chine. Il existe suffisamment d'espace dans la région indo-pacifique et au-delà pour accueillir à la fois la montée en puissance de la Chine et l'ascension de l'Inde. Ces deux pays peuvent coexister et se développer pacifiquement. Cependant, les tendances et les problèmes continueront manifestement à évoluer dans la région, avec des préoccupations sécuritaires de plus en plus importantes. Dans les années à venir, la sécurité maritime dans la région indo-pacifique sera un facteur clé du développement de nombreux pays. Néanmoins, elle demeure une préoccupation majeure en raison de l'augmentation des menaces de sécurité non traditionnelles, en plus des différends frontaliers maritimes. En particulier, les événements survenus dans les mers du Sud-Est continueront d'attirer l'attention de la région et de la communauté internationale. Ils pourraient compromettre la capacité des parties prenantes régionales et internationales à maintenir la paix, la sécurité et la stabilité dans la région de manière durable et efficace.
Plus important encore, les pays de la région indo-pacifique partagent bon nombre de préoccupations communes. Renforcer la coopération et la cohérence de leur stratégie pourrait contribuer à résoudre ces problèmes collectifs. De plus, la mise en place d'une architecture de sécurité régionale indo-pacifique serait très utile pour répondre aux préoccupations et aux menaces communes en matière de sécurité. Par conséquent, à mesure que la zone indo-pacifique se profile, la concurrence entre les grandes puissances devient également plus complexe et plus acharnée, ce qui a un impact significatif sur les autres nations de la région. En bref, au cours des deux premières décennies du XXIe siècle, la région indo-pacifique a été le théâtre d'une concurrence constante entre de nombreuses puissances mondiales. L'importance stratégique, économique et commerciale de la région l'a placée au cœur de la contestation mondiale, remodelant le caractère de la politique internationale. L'Indo-Pacifique est devenu le point focal des conflits internationaux et de la dynamique des pouvoirs, annonçant un nouveau paysage géopolitique significatif au XXIe siècle. On peut affirmer que la compétition pour le pouvoir entre ces nations façonnera les modèles d'interaction entre les pays de l'Indo-Pacifique au cours des prochaines années de ce siècle.
Nguyen Tuan Binh : ressources, analyse formelle, rédaction - version originale, administration du projet.
Tran Xuan Hiep : conceptualisation, méthodologie, rédaction - révision et édition.
Nguyen Dinh Co : conservation des données, validation, investigation.
Nguyen Hung Vuong : visualisation, supervision.Tous les auteurs ont lu et approuvé la version publiée de l'article.
Notes :
(1) Le dialogue quadrilatéral sur la sécurité (QUAD) a été établi en 2007 avec quatre pays membres : les États-Unis, l'Australie, le Japon et l'Inde. Son objectif premier était d'établir un mécanisme économique transpacifique, susceptible de servir de noyau au Forum économique Asie-Pacifique (APEC). Après une interruption de dix ans, le groupe QUAD a officiellement repris le dialogue quadripartite en 2017, l'élevant au rang de dialogue des ministres des affaires étrangères. Cette résurgence s'est produite dans un contexte de tensions accrues entre les États-Unis et la Chine sur différents fronts, le comportement affirmé de Pékin posant des problèmes de sécurité au Japon, à l'Inde et à l'Australie (Buchan et Rimland 2020, 3 ; Brunnstrom 2017).
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Nguyen Tuan Binh, Ph.D. en histoire mondiale à l'Université d'Éducation, Université de Hue, Vietnam. Ses écrits portent sur le colonialisme, les guerres d’Indochine et la politique étrangère du Vietnam. Il a publié des articles dans les revues Scopus : Cogent Arts and Humanities, Vestnik de l'Université de Saint-Pétersbourg et de nombreux livres ont été publiés.
Tran Xuan Hiep, professeur agrégé de sciences politiques, PhD, est membre de la Faculté des relations internationales et chercheur à l'Institut de recherche sociale, Université Dong A, ville de Danang, Vietnam. Les questions générales de politique et de relations internationales, la région de l’Asie du Sud-Est et l’intégration internationale du Vietnam comptent parmi ses principaux intérêts de recherche. Il a publié de nombreux articles sur le thème ci-dessus, tels que India Quarterly: A Journal of International Affairs, International Journal of China Studies, Journal of Educational and Social Research, Contemporary Chinese Political Economy and Strategic Relations, Academic Journal of Interdgraduate Studies, Journal of Asian. Finance, économie et affaires, arts convaincants et sciences humaines, Vestnik de l'Université de Saint-Pétersbourg. Études asiatiques et africaines, AUSTRAL : Revue brésilienne de stratégie et de relations internationales.
Nguyen Dinh Co, PhD en histoire mondiale, est chercheur à l'Université HUTECH, Ho Chi Minh Ville, Vietnam. Ses intérêts de recherche se concentrent sur la politique internationale, la politique du régionalisme, la politique identitaire et les relations internationales en Europe, en Asie du Sud-Est et dans la région Indo-Pacifique. . Nguyen Dinh Cohave a été chercheur invité dans différentes universités à l'étranger : Canterbury University (Nouvelle-Zélande), De La Salle University (Philippines), Southern Methodist University (États-Unis).
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