Defense & Security
Nouvel affrontement dans Gaza : Israël a de nouvelles initiatives ?
Image Source : Shutterstock
Subscribe to our weekly newsletters for free
If you want to subscribe to World & New World Newsletter, please enter
your e-mail
Defense & Security
Image Source : Shutterstock
First Published in: Jun.11,2023
Jul.10, 2023
La non-intervention active du Hamas dans la récente série de combats à Gaza suscite des interrogations quant à la faisabilité d'un accord à long terme entre Israël et la bande de Gaza. La réalisation d'une telle idée est-elle envisageable ? Quelles pourraient être les contraintes à sa concrétisation ?
Avec la conclusion de l'opération Bouclier et Flèche, la récente série de combats entre Israël et le Jihad islamique dans la bande de Gaza, le débat sur une possible hudna ou un arrangement étendu à la frontière entre Israël et Gaza a ressurgi. Ce débat est motivé par le constat que le Hamas, une fois de plus, n'a pas joué un rôle actif dans ces événements, comme lors des deux précédentes confrontations. Cependant, le fait que le Hamas ait choisi de ne pas intervenir suscite des interrogations quant à son désir de maintenir la stabilité. Il est plus probable qu'il ait conclu un nouvel accord avec le front de la résistance, qui permet à tous les acteurs d'être impliqués, même s'ils ne participent pas activement aux combats. De plus, le Hamas pourrait se trouver limité dans sa marge de manœuvre si un accord plus large était perçu par ses adversaires comme une entente distincte avec Israël, dépassant ainsi la nature temporaire des accords de cessez-le-feu. En conséquence, Israël, qui n'a pas l'intention de rétablir son autorité sur la bande de Gaza et n'utilise pas des termes tels que "processus politique" ou "accord", devrait envisager de poursuivre de manière discrète le cadre actuel des arrangements avec le Hamas. Cela implique de réduire la menace que représente Gaza et de répondre aux besoins quotidiens de sa population, tout en cherchant à améliorer la situation dans la région.
La récente série de combats avec le Jihad islamique palestinien (JIP) à Gaza, connue sous le nom d'opération Bouclier et Flèche (9-13 mai 2023), a ravivé les discussions sur Gaza. Parmi ces idées figurent la possibilité d'une hudna, un cessez-le-feu, ou plus généralement un "arrangement" dans lequel le Hamas serait reconnu en tant qu'entité responsable et la bande de Gaza bénéficiant d'avantages supplémentaires tels que la reconstruction ou construction d’infrastructures, l'emploi et la liberté de mouvement vers et depuis Gaza. En échange, le Hamas s'engage à maintenir le calme pendant une période prolongée, dépassant ainsi la durée habituelle de quelques semaines ou quelques mois. Les partisans de cette initiative soutiennent qu'elle pourrait également contribuer à résoudre la complexité de la situation après le départ d'Abu Mazen de la scène politique, car une coordination entre Israël et le Hamas pourrait influencer la réalité palestinienne pendant la phase de transition.
La logique de “l’arrangement" est renforcée par le constat que le Hamas s'est abstenu d'intervenir dans le conflit entre Israël et le Jihad islamique à trois reprises depuis 2019, laissant ainsi ce dernier groupe se battre seul. Il en découle que le Hamas aspire à la reconstruction et à l'amélioration des conditions de vie de la population. Les partisans de cette politique sont encouragés par la coordination établie entre le Hamas et Israël, facilitée par la médiation égyptienne après "l'opération Gardien des murs" en 2021. Cette coordination a permis l'entrée de travailleurs en Israël et de marchandises dans la bande de Gaza.
Selon eux, le comportement du Hamas témoigne d'une gouvernance responsable et d'une volonté de préserver son pouvoir, qui l'emportent sur l'esprit de "résistance" et se traduisent par une prise en charge de la population et des efforts pour diversifier les sources de revenus et augmenter les échanges. Les efforts du Hamas pour limiter les tentatives du Jihad islamique de lancer des roquettes sur Israël pendant cette période, ainsi que les critiques et les reproches exprimés par les dirigeants du Jihad islamique envers ce qu'ils considèrent comme une "faible performance" des dirigeants du Hamas et les dommages causés à la "résistance", renforcent les arguments en faveur d'un arrangement. Selon les médias arabes, la visite des dirigeants du Hamas et du Jihad islamique en Égypte, entamée le 2 juin, vise également à consolider le calme et à étendre les efforts de reconstruction dans Gaza, probablement en coordination avec Israël.
En effet, depuis l'opération Bordure protectrice, dans le contexte islamique, le Hamas a manifesté un pragmatisme profond à l'égard du conflit avec Israël, en mettant l'accent sur les intérêts de la population de Gaza et de l'ensemble des Palestiniens. Les dévastations considérables et les revers subis en 2014 ont contraint l'organisation à diversifier ses stratégies de lutte contre Israël et à adopter temporairement des formes de résistance populaire.En mai 2017, après de longs débats, le Hamas a publié une nouvelle plateforme politique, présentée par ses dirigeants comme un cadre directeur qui remplace sa charte originale, sans pour autant abolir cette dernière. Ce document souligne que, dans le respect du principe de l'unité nationale et du consensus, le Hamas serait disposé à mettre fin à sa résistance armée ou à adopter une forme de résistance populaire, voire à accepter un État à l'intérieur des frontières du 4 juin 1967, sans pour autant reconnaître Israël ni signer un traité de paix avec celui-ci. Cette décision devrait être prise au niveau national et être approuvée par le peuple palestinien, plutôt que par l'organisation seule. En mai 2018, deux jours après les affrontements meurtriers entre les manifestants palestiniens et les forces armées israéliennes le long de la barrière frontalière de Gaza, Yahya Sinwar, chef du Hamas à Gaza, a déclaré que le mouvement avait opté pour la voie de la résistance populaire, car elle était considérée comme la forme de lutte la plus appropriée dans les circonstances actuelles.
Depuis lors, et jusqu'en 2021, le Hamas a principalement axé ses efforts sur la scène politique interne palestinienne.Le Hamas a maintes fois affirmé que la libération de la Palestine ne pouvait être réalisée par la seule résistance armée, tout comme le Fatah ne pouvait parvenir à un accord de paix avec Israël en négociant seul. Parallèlement, le Hamas a recherché la réconciliation nationale et s'est engagé à organiser des élections, avec l'espoir, selon ses dirigeants, d'obtenir un résultat significatif qui lui permettrait de jouer un rôle dans la direction nationale et, potentiellement, de prendre les rênes du pouvoir. Cependant, ces plans ont été contrés par l'annulation des élections de 2021 par Abou Mazen. Cette décision a obligé le Hamas à revoir sa stratégie et a finalement conduit à l'éruption des affrontements des Gardiens des Murs, qui ont eu lieu sur plusieurs fronts : dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et même à l'intérieur d'Israël. Depuis lors, le Hamas tente d'éviter un affrontement direct dans la bande de Gaza et cherche à déplacer le conflit en Cisjordanie, où il tente à inciter la population à s'opposer à l'Autorité palestinienne, voire à provoquer son effondrement. Cependant, il est difficile de déterminer si cette série d'événements valide les notions d'arrangement telles qu'elles existent actuellement. Tout d'abord, suite à l'opération Bouclier et Flèche, il reste à savoir si le Hamas s'est effectivement abstenu d'y participer et si cette "non-intervention" a entraîné une perte de pouvoir, ainsi qu'un véritable affaiblissement du Jihad islamique, qui a été le plus durement touché lors des combats. Les déclarations émises par les hauts responsables du JIP et du Hamas après les combats donnent néanmoins l'impression qu'au moins sur le plan de l'image publique, la non-intervention du Hamas a été bénéfique aux deux organisations. De plus, le fait que le JIP ait résisté seul à Israël semble avoir renforcé sa position aux yeux de nombreux Palestiniens.Les représentants des deux organisations ont clairement affirmé que cela marquait l'établissement d'un nouveau modus operandi, dans lequel toutes les organisations ne sont pas engagées dans les combats simultanément, mais apportent leur soutien de différentes manières, que ce soit par le biais d'une salle de guerre commune, d'un porte-parole ou d'un soutien public. Les commentaires émanant de personnalités influentes, telles que le secrétaire général du PIJ, Ziyad al-Nakhala, et Mousa Abu Marzouk, l'un des dirigeants du Hamas, ne laissent transparaître aucune tension entre les organisations, mais plutôt des accords adaptés à la situation actuelle, selon eux. Il semble que les deux organisations aient réussi à préserver en grande partie leur pouvoir. Toutefois, dans cette nouvelle dynamique, le Hamas doit désormais prendre en compte la présence et les intérêts du Jihad islamique, notamment lorsqu'il s'agit de promouvoir un arrangement plus contraignant et formel, allant au-delà du simple principe de "calme en échange du calme". Si le Hamas continue à dicter les règles, il devra également tenir compte des aspirations et des exigences du Jihad islamique dans la recherche d'une solution durable.
Israël a clairement démontré, par ses actes, qu'il n'a pas l'intention de rétablir une occupation de la bande de Gaza. Cette directive a orienté les services de sécurité israéliens depuis 2005 et n'est pas passée inaperçue aux yeux des Palestiniens. Les revendications de l'extrême droite prônant un retour à Gaza ne sont pas perçues par l'autre partie comme un défi réaliste. Ainsi, le Hamas peut se permettre de ne pas répondre aux attentes sans craindre une réponse israélienne, comme cela a été observé lors de l'opération Bouclier et Flèche, où le Hamas n'a pas empêché le Jihad islamique de lancer des roquettes, tout en continuant d'encourager et de guider les actes de terreur en Cisjordanie. Ce fait, ainsi que l'attitude du Hamas envers le JIP de Gaza, mettent en évidence les limites de son pouvoir de coercition. Cependant, il est impensable qu'Israël ne demande pas, dans le cadre d'un accord global, une résolution de la question de ses citoyens captifs et de ses soldats disparus, ainsi qu'un arrêt total de l'implication dans le terrorisme en Cisjordanie ou dans toute autre région. Il est très peu probable que le Hamas puisse accepter de telles exigences, remettant ainsi en question la faisabilité même d'un accord global. Il est donc essentiel qu'Israël prenne conscience de la réalité actuelle, à savoir que, en raison de la division parmi les Palestiniens, les demandes de sécurité d'Israël qui ont une dimension politique ne peuvent être satisfaites sans une coordination interorganisationnelle au sein du peuple palestinien. Si le Hamas opte pour la conclusion d'un accord global séparé avec Israël, il risque de se retrouver dans une position affaiblie similaire à celle de l'Autorité palestinienne actuelle. Cette situation découle de la prise de conscience croissante des dangers liés à la politique de division et d'annexion d'Israël, ainsi que de l'opposition ferme à toute initiative qui ne repose pas sur un consensus national. À l'heure actuelle, étant donné l'absence de mouvement politique envisagé, Israël serait avisé de continuer à gérer la menace sécuritaire provenant de la bande de Gaza par le biais d'un dialogue discret, axé sur la préservation du calme le long de la frontière, tout en répondant aux besoins fondamentaux des habitants de la bande. Il est également recommandé de renforcer et d'étendre ces mesures à d'autres domaines, en évitant les déclarations formelles et la rhétorique présomptueuse.
First published in :
Unlock articles by signing up or logging in.
Become a member for unrestricted reading!