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Comment le Hezbollah perçoit la guerre à Gaza
Image Source : Shutterstock
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First Published in: Nov.06,2023
Dec.05, 2023
Dans un discours prononcé le 3 novembre, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a averti que les escarmouches entre Israël et le Hezbollah pourraient dégénérer en une véritable guerre. Quelle est cette probabilité ?
Dans son discours, Hassan Nasrallah a mis en garde contre la possibilité d'une intervention du Hezbollah si Israël persistait à envahir la bande de Gaza. À l'instar de ses parrains iraniens, M. Nasrallah s'est efforcé de suggérer que l'assaut lancé par le Hamas contre Israël le 7 octobre était une opération entièrement palestinienne et qu'il préférait que la guerre qui en résulterait ne s'étende pas. Toutefois, pour faire pression sur Israël et obtenir un cessez-le-feu, le Hezbollah continuera probablement à enflammer la frontière nord d'Israël en lançant des attaques limitées contre des cibles israéliennes à partir de sa base au Liban. Pour l'instant, les escarmouches sont gérables, mais si le conflit persiste, les affrontements entre Israël et le Hezbollah pourraient dégénérer en un conflit beaucoup plus important.
Le Hezbollah est l'un des groupes militants les plus meurtriers du Moyen-Orient. Ses combattants sont aguerris, ayant combattu en Irak et, plus récemment, en Syrie. Le Hezbollah dispose également d'environ 150 000 missiles de différentes portées, capables d'infliger des dégâts considérables aux villes israéliennes.
Depuis des années, l'Iran tente de rassembler ses différentes milices et ses mandataires au sein de ce qu'il appelle “l'axe de la résistance”. Le Hezbollah est l'acteur central de cette équation ; ses forces ont été déployées sur de multiples fronts de bataille et ont formé d'autres milices à des actes terroristes.
Avant les attentats du 7 octobre, il y a eu des signes de coordination entre l'Iran, le Hezbollah et le Hamas. Au cours de l'été, des responsables du Hamas se sont rendus en Iran et ont reconnu recevoir de l'aide de Téhéran. Juste avant l'attentat, il a été signalé que des militaires iraniens avaient rencontré des membres du Hamas et du Hezbollah à Beyrouth, au Liban. Le week-end dernier, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a participé à une réunion avec le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, au cours de laquelle l'ayatollah a "souligné la politique permanente de l'Iran consistant à soutenir les forces de résistance palestiniennes contre les occupants sionistes", ont rapporté les médias iraniens.
Il est tout à fait possible que l'Iran et le Hezbollah aient été au courant de la planification du Hamas et qu'ils aient fourni des conseils et une assistance sans connaître la date exacte de l'invasion du Hamas. Cela permet à l'Iran et au Hezbollah de nier toute responsabilité malgré leur profonde complicité.
Comment l'Iran a-t-il réagi aux combats à Gaza et à la possible défaite du Hamas ?
Le discours de Nasrallah était remarquablement similaire aux déclarations publiques des responsables iraniens, ce qui indique qu'il a pu être rédigé en coordination avec l'Iran. Le Hezbollah et Téhéran ont tous deux fait l'éloge des attaques du 7 octobre et célébré les réalisations du Hamas. Ils ont tous deux indiqué qu'ils n'avaient pas eu connaissance de l'assaut mais qu'ils l'avaient approuvé sans réserve. Ils ont tous deux souligné qu'ils ne souhaitaient pas étendre la guerre, mais qu'ils pourraient le faire si Israël persiste dans sa campagne militaire visant à éliminer le Hamas et si le nombre de victimes civiles augmente.
Nasrallah s'est même efforcé d'absoudre Téhéran dans son discours. "Les événements de l'opération Al-Asqa Flood [du Hamas] démontrent sans équivoque que l'Iran n'exerce aucun contrôle sur les factions de la résistance, les véritables décideurs étant les chefs de la résistance et leurs combattants dévoués". Il est curieux qu'un dirigeant d'une organisation libanaise commente ainsi le rôle de l'Iran.
Quel est l'enjeu pour l'Iran dans le conflit entre Israël et le Hamas ?
La crédibilité de l'Axe de la Résistance repose en partie sur le fait que le Hamas survit aux représailles d'Israël. Le Hamas est devenu un membre essentiel de ce front de résistance, et sa récente invasion a captivé l'imagination de nombreux Arabes. En outre, le Hamas confère à l'Iran une certaine stature dans le monde musulman sunnite, dont il a besoin compte tenu de sa complicité dans la guerre civile syrienne, au cours de laquelle des dizaines de milliers de sunnites ont été tués, pour le moins. Ainsi, la destruction du Hamas ne sert pas les intérêts de l'Iran sur de nombreux fronts. Sur le plan intérieur, le régime n'a pas grand-chose à gagner auprès de l'opinion publique iranienne, qui ne partage pas son intérêt pour le soutien à la lutte des Palestiniens contre Israël.
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Ray Takeyh est Hasib J. Sabbagh senior fellow pour les études sur le Moyen-Orient au Council on Foreign Relations (CFR) aux États-Unis. Ses domaines de spécialisation sont l'Iran, la politique étrangère des États-Unis et le Moyen-Orient moderne.
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