Diplomacy
Le Canada sur la voie du changement

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First Published in: Mar.13,2025
Apr.07, 2025
Les premiers mois de l'année 2025 ont été difficiles pour le Canada, cela a commencé avec des vagues de changements. L'époque Justin Trudeau touchant à sa fin, Trudeau ayant dirigé le pays pendant 10 ans, de 2015 à 2025, et le début du nouveau mandat présidentiel de Donald Trump ont changé la donne pour le Canada et suscite l'incertitude. Le 9 mars, le nouveau chef du parti libéral a été choisi et Mark Carney est devenu le nouveau premier ministre du Canada. On ne sait pas encore combien de temps il restera à son poste, car le Canada est à l'aube d'élections fédérales.
La fin d'une époque
Comme tout dirigeant, Justin Trudeau a remporté certaines victoires, mais a aussi connu son lot d'échecs, entraînant une baisse de sa cote de popularité auprès de la population, une perte de confiance chez les membres de son parti et de partis de l'opposition qui, lorsque tout allait bien, étaient même prêts à collaborer avec lui. En 2022, le Nouveau Parti Démocratique (NPD) et le Parti Libéral concluent un accord visant à renforcer la confiance et à consolider une position sur des questions socio-économiques importantes. Toutefois, à la fin de l'automne 2024, le chef du Nouveau parti démocratique, Jagmeet Singh, a déclaré que Justin Trudeau n'était pas à la hauteur des tâches auxquelles le pays était confronté et a annoncé que le NPD se retirait de l'accord. Cette déclaration a eu un impact négatif sur la cote de popularité du parti libéral, alors que celui-ci prenait des décisions au Parlement. Fin décembre, Jagmeet Singh a demandé à Justin Trudeau de démissionner et a déclaré qu'il était prêt à soutenir un vote de défiance à l'égard du gouvernement, ce que le parti conservateur avait demandé à maintes reprises alors. Fin décembre 2024, Chrystia Freeland, ministre des finances et vice-première ministre du Canada, a soudainement annoncé sa démission. Cette action a soulevé une vague de sentiments négatifs à l'égard de Justin Trudeau.
La plus grande critique faite envers le Premier ministre était le fruit d’une politique migratoire ratée, d’une pénurie de logements couplée à une forte augmentation des prix de l'immobilier, d’une inflation et d’un chômage élevés, ainsi que de l’introduction d'une taxe carbone polémique. Sous la pression des autres membres du parti et des dirigeants des partis de l’opposition, Justin Trudeau a été contraint d'annoncer sa démission le 6 janvier, date à laquelle un successeur lui sera trouvé au sein du parti libéral. Dans le même temps, il a indiqué que s'il lui était nécessaire de mener une lutte au sein même de son parti, il ne se considérait pas légitime d’être de leader du parti lors des prochaines élections.
Le début d'une nouvelle incertitude
L'ère de l'incertitude politique au Canada a empiré lorsque Donald Trump a « menacé » à plusieurs reprises la souveraineté du pays en proposant (verbalement) que le Canada devienne le 51e État des États-Unis. Il a également menacé d'imposer des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens, bien qu'il ait annulé cette décision à plusieurs reprises.
Le 1er décembre, Donald Trump a signé un décret imposant des droits de douane de 25 % sur les produits en provenance du Canada et des droits de douane de 10 % sur l'énergie en provenance du Canada. Les États-Unis ont déclaré qu'il s'agissait d'une mesure visant à lutter contre les menaces émergentes que des niveaux élevés de migration et de trafic de fentanyl à travers la frontière américano-canadienne entraînent.
En réponse, le Canada a menacé d'imposer des tarifs douaniers de rétorsion sur des minéraux et des fossiles d'importance critique, sur l'approvisionnement en électricité, sur les ressources énergétiques et sur d'autres produits. Justin Trudeau, qui était dans les derniers jours de son mandat, a obtenu un certain succès lors des négociations du 3 février entre les dirigeants canadiens et américains. Donald Trump a ainsi accepté de reporter de 30 jours l'imposition de droits de douane sur les produits canadiens. Cette décision fait suite à la promesse du Canada de renforcer les mesures de sécurité aux frontières et d'investir un million de dollars supplémentaires dans ces efforts.
Les droits de douane ont été imposés le 4 mars, et Justin Trudeau a répondu par des mesures de rétorsion visant les produits américains. Cependant, le 5 mars, Donald Trump a annulé les droits de douane sur l'industrie automobile et, le 6 mars, après un appel téléphonique avec les dirigeants du Mexique et du Canada, il a signé un décret suspendant temporairement les droits de douane sur les produits canadiens et mexicains qui respectent les termes de l'USMCA (United States-Mexico-Canada Agreement).
Si les droits de douane avaient été imposés dans leur intégralité, ils auraient eu un impact négatif sur l'économie canadienne. Les chaînes d'approvisionnement en souffriraient, ce qui entraînerait une augmentation des prix des différents produits échangés entre le Canada et les États-Unis. Les conséquences les plus néfastes seraient ressenties par les secteurs et les produits fortement dépendants du marché américain.
Crédit de confiance
Au cours des deux derniers mois, les questions liées aux droits de douane et aux accords bilatéraux avec les États-Unis sont devenues un sujet de débat primordial au Canada, en particulier dans le cadre de la campagne électorale pour le poste de chef du parti libéral. Le 9 mars, le successeur de Justin Trudeau a été choisi. Il s'agit de Mark Carney, qui a obtenu 85,9 % des voix. Lors de la phase finale, il y avait quatre candidats pour le poste de chef du Parti libéral. La deuxième après Mark était la ministre des finances et vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland. Elle n'a pas obtenu beaucoup de voix, puisqu'elle n'a recueilli que 8 % des suffrages des électeurs. Les deux autres candidats, Karina Gould, chef du gouvernement à la Chambre des communes, et Frank Baylis, député, ont obtenu respectivement 3,2 % et 3 % des voix.
Les principaux thèmes de la campagne interne de Mark Carney étaient le développement économique du Canada, le changement climatique et un programme d'incitation écologique. Il a proposé une taxe carbone allant des consommateurs aux grandes entreprises, la suppression des barrières commerciales entre les provinces et territoires canadiens, l'augmentation du rythme de construction de logements et des investissements dans ce domaine tout en réduisant le budget de l'État.
Le succès de Mark Carney peut être attribué à plusieurs facteurs. Il est le seul candidat à n'avoir occupé aucune fonction officielle au sein du cabinet de Justin Trudeau et à n'avoir eu aucun poste au Parlement. Il y a donc une certaine distance entre Carney et le comportement du premier ministre, que les Canadiens n'ont pas apprécié durant la période post-pandémique. Les canadiens associent Mark Carney à de nouvelles opportunités et à des changements pour le Canada. Il ne s'agit pas d'un homme politique, mais d'un homme lié à l'économie et au secteur des affaires. Parmi ses nombreuses fonctions, il a été gouverneur de la Banque du Canada pendant la crise de 2008, lorsque le Canada a évité les pires conséquences grâce à de bonnes politiques financières et bancaires. En 2013, il a été nommé gouverneur de la Banque d'Angleterre. Il a géré les processus économiques pendant le Brexit et les crises économiques et politiques qui ont suivi. Cette expérience confère à Mark Carney une image positive aux yeux des électeurs et lui apporte la confiance pendant les périodes difficiles que traverse le pays, marquées par des déclarations et des actions inamicales de la part de son partenaire le plus proche, les États-Unis.
Carney lui-même souligne son succès en matière de gestion de crise et estime qu'il serait en mesure de négocier avec Trump, même s'il reconnaît que les droits de douane de 25 % et la politique annoncée par Trump constituent un défi de taille dans l'histoire moderne du Canada. Dans son discours de victoire après avoir été élu à la tête du Parti libéral, il a souligné que : « Les États-Unis d'Amérique ne sont pas le Canada. Le Canada ne fera jamais partie des États-Unis, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. ». Les autres élites politiques le soutiennent. Carney affirme que le Canada doit lutter contre les tarifs douaniers de Trump en utilisant des mesures de rétorsion sous la forme d'un « dollar pour un dollar ». L'objectif principal est la diversification des accords commerciaux sur le moyen terme.
Les deux objectifs sont importants. Pour l'instant, les analystes canadiens craignent que les tarifs douaniers de Trump à court terme ne provoquent une récession de l'économie canadienne. Il est important de rappeler que Donald Trump est un homme d'affaires et qu'il a souvent déclaré, lors de discussions politiques, qu'il était prêt à conclure des accords. Peut-être que Carney, fort de son expérience dans les domaines de l'économie et de la finance, trouvera un moyen de conclure un tel accord - s'il en a le temps.
Quelle est la prochaine étape ?
Il est difficile de prédire combien de temps Mark Carney restera au poste de premier ministre. Selon le calendrier, une nouvelle élection fédérale au Canada devrait avoir lieu au plus tard en octobre 2025, mais la loi électorale du Canada prévoit la possibilité d'élections à long terme. Il est fort probable que Mark Carney profite de sa popularité pour annoncer qu'il va voter dans les prochaines semaines. Selon la loi, la période pré-électorale doit durer de 37 à 51 jours.
La principale opposition à Mark Carney sera le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre. Depuis un an et demi, la cote de popularité du Parti conservateur est nettement supérieure à celle du Parti libéral. Selon les données, le taux de popularité du Parti conservateur le 6 janvier était de 44,2 %, et celui du Parti libéral de 20,1 %. Toutefois, la cote des libéraux a commencé à augmenter après l'annonce de la démission de Justin Trudeau. Selon les données du 5 mars, la cote de popularité du Parti conservateur était de 40,3 % et celle du Parti libéral de 30,8 %.
Pierre Poilievre, avec ses opinions, est proche des idées du populisme de droite. Il est un partisan du Convoi de la liberté - le mouvement de protestation qui s'est répandu à travers le Canada au début de l'année 2022. On dit souvent que ses positions et ses approches sont similaires à celles de Donald Trump. Même si la campagne préélectorale n'a pas encore officiellement commencé, Pierre Poilievre a officiellement commencé sa campagne en janvier. Voici la version corrigée du texte avec les mots russes restants traduits :
Après que Justin Trudeau ait annoncé sa démission imminente, Pierre Poilievre a changé son slogan politique « Axe the Tax » (qui faisait référence à l'impopulaire taxe carbone) en « Canada First », qui est similaire au slogan de Trump « America First ». Poilievre promet qu'il supprimera les barrières commerciales des provinces, qu'il durcira les peines pour les trafiquants de fentanyl, qu'il renforcera la sécurité aux frontières, qu'il construira une base dans l'Arctique, dont la construction sera financée par la réduction de l'aide étrangère. La sécurité aux frontières, la contrebande de fentanyl et les faibles coûts de défense au Canada sont les principales plaintes de Donald Trump.
Mark Carney, parlant de son adversaire Pierre Poilievre, a déclaré : « Donald Trump essaie d'affaiblir notre économie, mais il y a aussi une autre personne qui fait la même chose. Et cette personne, c'est Pierre Poilievre. Le plan de Pierre Poilievre nous laissera divisés et prêts pour la conquête parce que c'est une personne qui vénère Trump, et il restera à genoux devant Trump, sans s'opposer à lui. »
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L'élection du 9 mars pour le chef du Parti libéral n'est pas l'étape finale de la situation politique au Canada. Il reste à savoir qui deviendra le nouveau premier ministre pour les quatre prochaines années.
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Docteur en Sciences Politiques, Analyste Indépendant
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