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Déclaration intégrale du communiqué de presse du Président de la République, Luiz Inácio Lula da Silva, suite à la visite du Président français Emmanuel Macron à Brasília (DF), le 28 mars 2024.

C'est avec une grande joie que je rends l'hospitalité qui m'a été offerte, ainsi qu'à ma délégation, lors de ma participation au sommet pour un "nouvel accord financier mondial" en juin dernier à Paris.

Ces trois derniers jours, nous avons suivi un programme chargé qui nous a menés à Belém, siège de la COP30, à Itaguaí, où nous avons visité Prosub, et maintenant à Brasília, pour une visite d'État.

Ce véritable marathon témoigne de l'ampleur des liens de coopération et d'amitié entre la France et le Brésil.

Parmi les puissances traditionnelles, aucune n'est plus proche du Brésil que la France.

Quant aux puissances émergentes, je vous laisse juger s'il en est qui sont plus proches de la France que du Brésil.

Dans le contexte international extrêmement complexe d'aujourd'hui, le dialogue entre nos nations joue un rôle crucial en tant que pont vital entre le Sud et le monde industrialisé, encourageant les efforts visant à surmonter les inégalités structurelles et à parvenir à une planète plus durable.

Le Brésil et la France se sont engagés à collaborer pour promouvoir une vision mondiale commune à travers le dialogue démocratique.

Cette vision repose sur la priorité de la production sur la finance improductive, de la solidarité sur l'égoïsme, de la démocratie sur le totalitarisme, et de la durabilité sur l'exploitation abusive.

Le président Macron a pu constater de lui-même que notre engagement en faveur de l'environnement n’est pas uniquement rhétorique.

Au cours l’année passée, nous avons réussi à réduire de moitié la déforestation illégale en Amazonie et nous nous sommes fixé pour objectif de la faire disparaître complètement d'ici 2030.

En tant que symbole du renouveau de notre partenariat, nous avons aujourd'hui adopté un nouveau plan d'action qui étend notre collaboration vers de nouveaux domaines.

Ce plan comprend notamment le financement de la transition écologique et énergétique, des avancées dans les secteurs de la bioéconomie, de l'agriculture, de l'administration publique, du numérique et de l'intelligence artificielle. Mais également le renforcement des droits de l'homme et de l'égalité des sexes dans notre agenda bilatéral.

Cet ensemble de sujets se reflète dans la vingtaine d’accords que nous célébrons aujourd'hui.

Nous avons aussi discuté du succès du Forum économique Brésil-France, qui s'est tenu hier à São Paulo et qui n'avait pas eu lieu en présidentielle depuis 2019.

Nous avons exploré les moyens de développer et de diversifier les échanges commerciaux, qui ont atteint 8,4 milliards de dollars l'an dernier et ont encore un potentiel de croissance.

La France est le troisième investisseur au Brésil, avec une forte présence dans des secteurs tels que l'hôtellerie, l'énergie, la défense et les hautes technologies, qui génèrent des emplois et des revenus dans notre pays.

J'ai également présenté au président Macron les nouvelles opportunités d'investissement dans les infrastructures et la durabilité, facilitées par le Programme d'accélération de la croissance (Programa de Aceleração do Crescimento - PAC) et le Programme de néo-industrialisation.

J'ai présenté notre engagement à lutter contre les inégalités comme étant la priorité de la présidence brésilienne du G20.

Dans cette optique, nous lançons une Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté.

Alors que nous célébrons cette année le 80e anniversaire des institutions de Bretton Woods, le président Macron et moi-même sommes unis dans notre conviction qu'il est impératif que le G20 envoie un message clair en faveur de la réforme de la gouvernance mondiale et du renforcement du multilatéralisme.

Nous sommes également d'accord sur la nécessité que les “super-riches” contribuent équitablement aux impôts, conformément à la proposition de taxation internationale juste et progressive que le Brésil défend au sein du G20.

En tant que partenaires stratégiques, nous avons échangé nos points de vue sur les principaux dilemmes auxquels l'humanité est confrontée.

Dans le monde entier, la démocratie est menacée par l'extrémisme.

Le rejet de la politique et la propagation des "discours de haine" sont devenus de plus en plus fréquents et préoccupants.

C'est pourquoi le Brésil a rejoint, en 2023, l'initiative française Partenariat pour l'information et la démocratie et continuera à œuvrer pour promouvoir et protéger la circulation d'informations fiables.

Il est aussi temps de promouvoir un débat véritablement multilatéral sur la réglementation de l'intelligence artificielle.

Il est inacceptable qu'un nouveau fossé se creuse, séparant les nations riches, détentrices de cette technologie, des pays en développement où l'accès de base à l'internet reste précaire.

J'ai réaffirmé au président Macron la foi inébranlable du Brésil dans le dialogue et la promotion de la paix.

Mon administration continuera à travailler avec détermination pour maintenir l'Amérique latine et les Caraïbes comme une zone sans conflit, où le dialogue et le respect du droit international sont primordiaux.

La passivité du Conseil de sécurité face aux conflits en Ukraine et à Gaza est à la fois alarmante et incompréhensible.

Les tentatives visant à remettre en question l'obligation de respecter la récente directive de cessez-le-feu à Gaza pendant le mois de Ramadan sapent une fois de plus l'autorité du Conseil.

Envisager un monde gouverné par des règles non collectivement acceptées représente un recul de plusieurs siècles, un retour à la loi de la jungle.

Le Brésil condamne fermement toutes les formes d'antisémitisme et d'islamophobie.

Nous ne pouvons pas permettre à l'intolérance religieuse de gagner du terrain parmi nous.

Juifs, musulmans et chrétiens ont toujours coexisté en parfaite harmonie au Brésil, contribuant à façonner la nation moderne que nous connaissons aujourd'hui.

Mon cher ami Macron, notre partenariat stratégique avec la France incarne notre effort commun à moderniser et à renforcer nos économies, en mettant l'accent sur la durabilité et le respect des droits de l'homme.

Je suis convaincu que même après trois jours intenses, il nous reste encore beaucoup de travail à accomplir ensemble.

L'avenir offre d'innombrables possibilités de coopération, de développement et de création entre nos pays.

Je me réjouis de vous revoir bientôt au sommet du G20 à Rio de Janeiro.

Je vous remercie pour votre attention.