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Defense & Security

Que s'est-il passé entre l'Iran et Israël ?

Carte d'Israël et de l'Iran avec des drapeaux

Image Source : Shutterstock

by Guillermo Suárez Borges

First Published in: Apr.24,2024

Jun.03, 2024

L'émergence incontestable de l'Iran en tant que première puissance régionale au Moyen-Orient, suite à sa frappe dissuasive contre Israël, n’est que la dernière des nombreuses preuves de l’échec de la politique étrangère américaine dans la région. L'idée d'établie un "nouveau Moyen-Orient" [1] s'est révélée être un échec.

 

Au début du siècle, l'ancien président américain, George W. Bush, était confronté à une décision audacieuse et controversée concernant l'orientation de la politique des États-Unis au Moyen-Orient. Il lui fallait choisir entre l'Iran et l'Arabie saoudite, deux acteurs majeurs dans le domaine pétrolier de la région. Il devait déterminer qui considérer comme allié et qui comme adversaire, avec qui s'aligner et contre qui prendre position militairement.

 

Malgré les différences manifestes entre Riyad et Téhéran (l'un étant arabe et l'autre perse, l'un étant enclin à l'islam sunnite wahhabite et l'autre à l'islam chiite) les deux partageaient un point commun particulièrement problématique pour les États-Unis : être des ennemies d’Israël. En effet, Israël est le principal allié de Washington dans la région et le premier bénéficiaire de son soutien militaire, ils sont liés à un puissant lobby [2]. La rumeur veut qu’Israël aurait une certaine emprise sur les occupants de la Maison-Blanche.

 

Ce choix était délicat selon les critères politiques américains, car les deux pays étaient considérés comme importuns. Leurs systèmes de gouvernance contredisaient les principes démocratiques occidentaux, et les croyances religieuses qui prédominant dans leurs sociétés respectives étaient souvent en désaccord avec les valeurs de Washington. Des études ont révélé des violations des droits des femmes et des minorités dans les deux pays.

 

Les habitants du sud ont été rapidement assimilés à des groupes armés tels qu'Al-Qaïda ou le Hamas, mouvement de résistance palestinien, tandis que ceux du nord ont été associés au soutien de la résistance libanaise, menée par le “Hezbollah” (Parti de Dieu), ou au mouvement houthi "Ansar Allah" (Partisans de Dieu) au Yémen.

 

Les pressions internes aux États-Unis, bien plus fortes après les tragiques attentats du 11 septembre 2001, ont poussé W. Bush à adopter une politique agressive envers le Moyen-Orient, avec pour objectif principal de changer à jamais la région afin de la rapprocher de l'Occident.

 

Bush a très clairement défini ses objectifs : combattre le terrorisme, ce qui s'est traduit par la guerre et la perte de vies humaines dans la région. Promouvoir la démocratie, impliquant des coups d’états en douceur et des “révolutions de couleur” (manifestations non violentes). Enfin, lutter contre la prolifération des armes de destruction massive qui on servit pendant l'invasion de l'Irak et, qui aurait permis à l'exécution publique de son dirigeant, Saddam Hussein. Cette politique visait également à exercer un contrôle strict sur l'Iran, craignant que les Perses ne cherchent à obtenir des armes nucléaires.

 

Dans le cadre de la "guerre contre le terrorisme", Washington a étendu son champ de bataille en Irak et en Afghanistan. Cependant, les justifications avancées se sont révélées insoutenables, entraînant une perte de crédibilité et d'éthique pour certains responsables politiques anglo-saxons, comme Colin Powell. Parallèlement, des mouvements de contestation "spontanés" ont émergé dans plusieurs pays du Moyen-Orient, tels que l'Égypte et la Tunisie.

 

Dans le cadre de leur vision pour un "Nouveau Moyen-Orient" et dans “noble intérêt”, les États-Unis ont cherché à aborder ce qu'ils considéraient comme le principal problème de la région : le conflit israélo-palestinien, en promouvant une solution à deux États. Cependant, leurs actions récentes ont clairement démontré un désintérêt pour cette vision, comme en témoigne leur récent veto à la création d'un État palestinien au sein de l'ONU.

 

Pour mettre en œuvre cet ambitieux agenda de transformation régionale, il était nécessaire de déterminer clairement "qui est avec nous et qui est contre nous". George W. Bush a exprimé sans équivoque cette notion lorsqu'en avril 2002, lors d'une rencontre avec le roi Abdallah, alors chef de la Maison des Saoud en Arabie saoudite, les deux dirigeants ont symboliquement affiché leur unité en marchant main dans la main à travers le ranch de Crawford, au Texas.[3]

 

Cependant, de nombreux événements sont intervenus depuis lors. Pour réaliser le "nouveau Moyen-Orient" envisagé par Bush, les États-Unis ont poussé Israël à s'engager dans un conflit avec le Liban en 2006, une entreprise qui s'est soldée par un échec retentissant pour les Israéliens. Ils ont entraîné la Syrie et au Yémen dans des guerres dévastatrices, puis ont conclu un accord nucléaire avec l'Iran sous le gouvernement d'Obama, un accord que Trump a décidé de rompre quelques mois plus tard. En violant ouvertement les limites, ils ont orchestré l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani en 2020, marquant un retour évident aux assassinats ciblés. Enfin, ils ont attaqué le consulat iranien à Damas, massacrant les personnes présentes.

 

L'Iran allait riposter, tout le monde le savait. La question reste de savoir comment et quand. Malgré des années de sanctions occidentales et de restrictions commerciales, la capacité de Téhéran à développer sa technologie militaire était un sujet de débat. Il restait à voir si l'Iran était prêt pour pouvoir sanctionner, Israël de ses actions. En revanche ce n’est pas dans cet article que vous aurez accès aux détails des tirs de missiles, le nombre de cibles touchées ou non, ou encore l’ampleur des dommages infligés. L'impact le plus significatif de la réponse iranienne à Israël n'est pas mesurable sur le plan militaire, mais politique, et il aura des répercussions durables.

 

Au-delà d'une simple salve de projectiles, Téhéran a affiché son autorité de manière éloquente. Alors que ses missiles et drones se dirigeaient vers Israël, des célébrations ont éclaté dans plusieurs pays du Moyen-Orient, même si plusieurs gouvernements régionaux ont publiquement condamné cette riposte. En un instant, l'Iran est devenu le principal acteur à infliger des représailles directes à Israël pour ses actions à Gaza. Ils ont également soutenu des mouvements de résistance tels que le Hezbollah et Ansar Allah, qui se dressent contre le sionisme en solidarité avec la Palestine, tandis que d'autres puissances régionales ont choisi de rester sur la touche en se contentant de condamner verbalement.

 

Cette réponse iranienne, bien qu'ayant potentiellement placé le monde au bord d'une montée des hostilités, transcende les différences confessionnelles qui ont historiquement caractérisé les relations au Moyen-Orient, différences que l'Occident a souvent exploitées pour perpétuer les conflits et servir ses intérêts, ainsi que ceux d'Israël. En réagissant ainsi, l'Iran se positionne comme le leader de la résistance antisioniste et le voisin le plus solidaire de la cause palestinienne.

 

Quoi qu'en dise l'Occident, l'Iran affirme avoir agi dans le respect du droit international et de l'article 51 de la Charte des Nations unies. En ciblant des sites militaires, l'Iran affirme n'avoir pas eu besoin de frapper des zones urbaines israéliennes ni de causer des pertes civiles massives pour dissuader Israël. En revanche, Israël, en attaquant de manière provocatrice le consulat iranien à Damas, aurait clairement enfreint la Convention de Vienne, en plus d'avoir été accusé de perpétrer des massacres aveugles de civils dans la bande de Gaza, où le nombre de victimes se chiffre déjà à près de 35 000.

 

L'Arabie saoudite, ancien allié privilégié des États-Unis sous le gouvernement de Bush, semble avoir pris conscience des changements dans le monde et de la nécessité probable de se détacher des États-Unis pour avancer. En mars 2023, dans une démarche audacieuse, les ministres des Affaires étrangères de l'Arabie saoudite et de l'Iran auraient scellé leur première rencontre par une poignée de main, symboliquement à Pékin, capitale de la Chine.

 

La visite du président russe à Riyad, prévue près de deux ans après le début de l'opération militaire spéciale de la Russie contre l'OTAN et l'Ukraine, est largement perçue comme un autre revers pour l'Occident. L'Occident s'attendait déjà à une campagne de diabolisation visant à maintenir Vladimir Poutine isolé à Moscou. Quelques jours après cette rencontre, l'un des sujets principaux dont ils ont discuté sera révélé lorsque Riyad annoncera son adhésion au bloc géopolitique des BRICS, rejoignant ainsi la Chine, la Russie, le Brésil, l'Afrique du Sud, et, de manière provocatrice pour Washington, l'Iran.

 

Références

[1] https://carnegieendowment.org/files/new_middle_east_final1.pdf&sa=U&ved=2ahUKEwjBppjpjtmFAxXNfDABHZR7B_wDFnoECAkQAg&usg=AOvVaw2dc6U3GhCrMZkzq5FQtfsp

[2]https://www.haaretz.com/us-news/2024-02-28/ty-article-magazine/.premium/aipac-explained-the-inside-story-of-americas-powerful-and-divisive-pro-israel-lobby/0000018d-e4ac-d972-a5bf-efaf96c60000

[3] https://es.m.wikipedia.org/wiki/Archivo:Saudi_Crown_Prince_Abdullah_and_George_W._Bush.jpg


First published in :

Centro de Investigaciones de Política Internacional (CIPI) / Cuba

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Guillermo Suárez Borges

Chercheur au Centre de recherche en politiques internationales (CIPI).  

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