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Diplomacy

Le plan de paix de Trump pour l'Ukraine

NEW YORK, États-Unis - 21 septembre 2017 : Rencontre du président des États-Unis Donald Trump avec le président ukrainien Petro Porochenko lors du sommet de l'ONU à New York

Image Source : Shutterstock

by Sascha-Dominik (Dov) Bachmann

First Published in: Dec.17,2024

Jan.06, 2025

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Alors qu’une victoire sur le champ de bataille devient de plus en plus improbable, l'Ukraine est confrontée à des défis croissants. Le « projet de paix » articulé par Donald Trump propose un cessez-le-feu basé sur des concessions territoriales. Bien que les faiblesses de la Russie pourraient pousser Vladimir Poutine à négocier, cela risque de résulter en le gel du conflit et saperait probablement l'ordre international - fondé sur des règles.

 

 

Il est peu probable que l’Ukraine parvienne à gagner la guerre contre la Russie avec une ultime « victoire sur le champ de bataille ». Les chances ne sont tout simplement pas du côté de l’Ukraine : entre des perspectives stratégiques sur le champ de bataille pour la majeure partie décevantes, une puissance militaire globalement limitée, un affaiblissement du soutien des pays occidentaux (ces derniers craignants que le conflit ne s’intensifie suite aux menaces nucléaires brandies par Poutine), et le nouveau « projet de paix » présenté par le président américain en devenir, Donald Trump. A noter que Trump a fait de la fin de cette guerre en Ukraine l'une de ses promesses électorales. Quant à lui, Trump est optimiste pour plusieurs raisons. Il est notamment conscient de l’influence diplomatique personnelle qu’il pourrait avoir sur la situation, et sait qu’il  est nécessaire de résoudre ce conflit qui affecte les États-Unis sur les plans économique (source de préoccupations) et politique (leur stratégie et approche), et impacte également leur capacité à se concentrer sur le problème chinois. La Russie, elle, est affaiblie et a besoin de faire une pause dans les combats.

 

 

Il est évident que les défis auxquels Vladimir Poutine doit faire face pourraient avoir un impact et le rendre plus enclin à discuter un « projet de paix » proposé et mené par les États-Unis, en faveur de l'Ukraine. Parmi ses défis, on remarque notamment la hausse de la récession économique russe, l'érosion de la puissance militaire russe, et le fait que la stratégie du bord de l'abîme au Moyen-Orient de Poutine et ses alliances avec l'Iran et la Syrie ont été retardées et entravées. Les événements dramatiques qui ont eu lieu la semaine dernière en Syrie, à savoir la chute du régime de Bachar Al Assad et ses répercussions, ont mis en lumière plusieurs erreurs de jugement commises par la Russie. Les événements du 7 octobre 2023 et la guerre qui s'en est suivie en Palestine ont fait basculer la dynamique du pouvoir régional, affectant non seulement le rôle que joue la Russie, mais aussi celui de son allié, l'Iran, membre de « l’axe de la résistance », qui inclut également le Hamas et le Hezbollah et qui a été gravement affaibli. Pour Poutine, la chute de la Syrie est une perte d’un point de vue stratégique majeure et a de graves conséquences pour le rôle et la position de la Russie, non seulement au Moyen-Orient, mais au-delà. Le mythe de l’homme « fort » et « sage » s'effondre. En ce qui concerne la Chine et le partenariat « sans limites » : cela n’augure rien de bon. En effet, une Russie faible n'est pas ce dont le président Xi Jinping a besoin pour défier l'ordre politique et militaire occidental actuel. D’un point de vue stratégique et au regard de la situation, il est dans l'intérêt de Poutine de trouver une solution diplomatique pour mettre fin à « sa » guerre en Ukraine. Pour Poutine, négocier un gel du conflit, où la Russie conserverait les territoires ukrainiens et criméens qu’elle occupe actuellement, pourrait être un moyen pour enfin déclarer : « mission accomplie ».

 

 

La position précaire de l'Ukraine

 

 

Le projet du président Volodymyr Zelensky, conçu en novembre 2024, pour remporter la victoire en cinq étapes a déjà échoué. En effet, les deux critères nécessaires au bon déroulement du projet, à savoir une adhésion complète à l'OTAN et recevoir une assistance militaire occidentale bien plus importante, n’ont pas été obtenus et ne le seront pas. Mais, l'OTAN maintient que l'Ukraine est sur une « voie définitive vers l'adhésion à l'OTAN », sous réserve de l'accord des membres de l'Alliance, du respect des conditions et de la fin des hostilités.

 

 

Plus inquiétant encore, l'état d'esprit semble avoir changé chez les Ukrainiens : des sondages récents montrent qu'une majorité d'Ukrainiens est favorable à l'idée de négocier une paix avec la Russie, alors que les forces armées russes continuent de gagner du terrain sur le champ de bataille. Ce sondage révèle également que les Ukrainiens se méfient de plus en plus des promesses faites par l'Occident de venir en aide à l'Ukraine.

 

 

Le président Zelensky, qui reste optimiste malgré les graves difficultés rencontrées, a ouvertement déclaré qu'il attendait avec impatience le retour de Trump à la Maison Blanche. Il laisse également entendre que la guerre pourrait se terminer plus tôt suite à la réélection de Trump. Cependant, l'adhésion à l'OTAN et l'absence de concessions territoriales restent les points les plus litigieux. Zelensky a récemment indiqué qu'il était prêt à échanger (au moins temporairement) des territoires contre une adhésion à l'OTAN. Étant donné que l'OTAN a clairement fait savoir, lors du sommet de Washington de 2024, que cela ne se ferait pas sans que la paix soit accordée au préalable, il pourrait être également amené à rectifier sa position en ce qui concerne l'adhésion à l'OTAN.

 

 

À quoi ressemblerait le projet de paix de Trump ?

 

 

Le « projet de paix » de Trump n’est encore qu’une ébauche, mais il s'agira d'un accord de cessez-le-feu avec des concessions territoriales, une potentielle zone démilitarisée, une assistance continue en matière de sécurité et, éventuellement, des « soldats sur le terrain », et un allègement des sanctions à l'encontre de la Russie en guise d'encouragement. Pour montrer le sérieux de sa proposition, Trump a nommé le général à la retraite Keith Kellogg comme envoyé spécial pour l'Ukraine et la Russie, et a rencontré Zelensky au sujet de la fin de la guerre lors de la réunion des dirigeants mondiaux qui s'est tenue la semaine dernière en France, à l'occasion de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame. Le président Zelensky a qualifié ses discussions avec Trump de « bonnes et productives ».

 

 

Un armistice en Ukraine ne peut pas être une simple extension de l'accord de Minsk II de 2015. Cet accord n'a pas fonctionné pour de multiples raisons, mais tout particulièrement en raison du non-respect de l'accord par la Russie et de l'absence d'un atout de dissuasion. Un tel armistice devrait être digne d’un accord d'armistice coréen des temps modernes, avec une présence potentielle de surveillance de l'ONU dans une zone démilitarisée, et l’existence d’un gros atout de dissuasion militaire de la part des armées occidentales en faveur de l'Ukraine. L'adhésion à l'OTAN dans un avenir immédiat serait la meilleure option, mais il est peu probable que celle-ci soit envisageable face à l'opposition de la Russie et au manque de soutien de l'OTAN. Un moratoire de vingt ans sur la candidature de l'Ukraine à l'OTAN, tel que proposé par l'équipe Trump, pourrait être une solution. Un « modèle ouest-allemand d'adhésion à l'OTAN » pour les territoires non occupés de l'Ukraine serait également une option possible pour l'Ukraine, que le président Zelensky semble soutenir. Là encore, une telle proposition semble peu probable compte tenu des vents contraires provenant à la fois de l'OTAN et de la Russie.

 

 

Une présence militaire européenne permanente dans les parties non occupées de l'Ukraine (y compris le soutien militaire des États-Unis), comme celle des États-Unis en Corée du Sud, serait en théorie possible, car les militaires seraient explicitement en capacité nationale, mais pas en capacité OTAN. Cette option raviverait une idée émise par le président français Emmanuel Macron plus tôt cette année et, si elle est mandatée par les Nations unies, elle pourrait constituer une garantie de sécurité potentielle pour l'Ukraine.

 

 

Quelle que soit l'issue, il faut veiller à ce que ce « gel » temporaire des hostilités ne devienne pas une « victoire de Poutine » de facto et une perte pour l'ordre mondial qui est fondé sur des règles strictes. Par le passé, l'attitude de Trump quant à la résolution de problèmes diplomatiques et autres avait été décrite comme étant essentiellement « transactionnelle » : la fin de la guerre en Ukraine est aujourd’hui le premier test majeur que Trump, le président transactionnel, doit passer.

 

 

Cet article est publié sous une licence Creative Commons et peut être republié avec mention.


First published in :

Australian Institute of International Affairs

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Sascha-Dominik (Dov) Bachmann

Sascha-Dominik (Dov) Bachmann est professeur de droit et co-animateur du National Security Hub (Université de Canberra), Université de Canberra, et chercheur à l'Institut de sécurité pour la gouvernance et le leadership en Afrique, Faculté de science militaire, Université de Stellenbosch. Il est également membre du Bureau des affaires juridiques du SHAPE - ACO de l'OTAN, où il travaille sur les menaces hybrides et la guerre juridique.

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