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Diplomacy

Un accord sur les investissements verts pourrait-il aider l’Indonésie et l’Australie à surmonter leurs tensions passées ?

Petit drapeau de l'Indonésie et de l'Australie avec fond vert flou

Image Source : Shutterstock

by Cahyani Widi Larasakti

First Published in: Jun.03,2024

Aug.12, 2024

Les relations entre l'Australie et l'Indonésie ont longtemps été marquées par des tensions, au sujet de l'indépendance du Timor-Leste, des demandeurs d'asile, à l'interdiction d'exporter du bétail vivant et les conséquences des attentats à la bombe de Bali.

 

Malgré ces différends historiques, il semblerait que des changements sont en cours. L'Indonésie, dont l'économie affiche l'une des croissances les plus rapides au monde, a traditionnellement compté sur le charbon pour son développement. Aujourd'hui, le pays s'engage résolument vers une transition verte en favorisant les énergies renouvelables, modernisant son infrastructure, promouvant les véhicules électriques et exploitant la géothermie.

 

C'est dans ce contexte que l'Australie joue un rôle crucial. En mars de cette année, les deux nations ont officialisé un partenariat climatique appelé KINETIK. Cet accord permettra à l'Indonésie de sécuriser son approvisionnement en lithium, essentiel à la production de batteries des véhicules électriques. Tandis que l'Australie bénéficiera de nouvelles opportunités d'exportation pour ses minéraux stratégiques, avec la possibilité d'intégrer la chaîne d'approvisionnement mondiale de l'industrie des batteries.

 

Pourquoi la relation a-t-elle été difficile ?

 

Depuis qu'elle a obtenu son indépendance des Pays-Bas, l'Indonésie s'est efforcée de préserver la cohésion entre ses nombreuses îles et de ses divers groupes ethniques.

 

Cependant, le rôle de l'Australie a parfois été déstabilisant. Pendant la guerre froide, les agences australiennes ont soutenu les purges sanglantes menées par l'armée indonésienne contre les communistes.

 

L'Australie a également appuyé la cause de la sécession du Timor oriental. En 1998, le Premier ministre australien John Howard a écrit au président indonésien B.J. Habibie pour plaider en faveur de l'indépendance du Timor oriental. Un an plus tard, plus de 5 500 soldats australiens sont intervenus en tant que forces de maintien de la paix lors d'un référendum tendu sur l'avenir de la région.

 

De nombreux Indonésiens ont perçu l'implication de l'Australie comme une menace pour l'unité et la cohésion nationales. Avant que John Howard et la nouvelle présidente indonésienne, Megawati Soekarnoputri, n'aient eu le temps de rétablir les relations, les tensions se sont à nouveau accentuées après les attentats terroristes de 2002 à Bali, qui ont tué 88 Australiens.

 

Quatre ans plus tard, l’Australie décide d'accorder des visas de protection temporaire à 43 demandeurs d'asile originaires de Papouasie, une région qui cherche depuis longtemps à obtenir l'indépendance de l'Indonésie. Cette décision a conduit au rappel de l'ambassadeur indonésien à Canberra.

 

Cet incident diplomatique a finalement eu des effets positifs : le dialogue s'est amélioré et, la même année, les deux pays ont signé le traité de Lombok, s'engageant à ne pas interférer dans la souveraineté de l'autre.

 

Depuis lors, l'Australie est restée diplomatiquement silencieuse sur d'autres questions territoriales indonésiennes, telles que le mouvement séparatiste en Papouasie. Malgré ces efforts, de nombreux conflits subsistent, et les experts mettent souvent en garde contre la fragilité de cette relation.

 

En 2019, après une période de négociations ardues, les deux nations ont signé un nouveau partenariat économique global. En mettant l'accent sur le changement climatique et la transition énergétique, ce partenariat a préparé le terrain pour l'annonce de cette année.

 

Dans un contexte plus large, ce partenariat illustre également l'approche de l'Australie en tant que puissance moyenne cherchant à contrebalancer la domination économique croissante de la Chine dans la région indo-pacifique.

 

La transition écologique pourrait-elle favoriser la relation ?

 

En 2022, le Premier ministre australien Anthony Albanese s'est rendu en Indonésie et a promis 200 millions de dollars australiens pour lancer des projets climatiques et d'infrastructure.

 

Une fois ce partenariat concrétisé, d'un partenariat formalisé, les relations publiques entre l'Australie et l'Indonésie, devraient s’améliorer.

 

Actuellement, les échanges commerciaux entre les deux pays atteignent 18 milliards de dollars par an, principalement constitués de charbon et de bœuf australiens, ainsi que d'engrais et d'essence indonésiens.

 

Cependant, il existe un potentiel de croissance beaucoup plus important. Avec une forte de jeune représentant près de 280 millions d'habitants, l'Indonésie pourrait devenir la cinquième économie mondiale d'ici 2030.

 

Le partenariat KINETIK fonctionne parce qu'il répond aux besoins des deux nations : l'Australie obtient un nouveau marché d'exportation pour ses minéraux verts, sa technologie et son savoir-faire, tandis que l'Indonésie commence à se détourner du charbon.

 

Cet accord s'inscrit dans la continuité d'un protocole d'accord sur les véhicules électriques et d'un autre conclu l'année dernière entre Export Finance Australia et la compagnie nationale d'électricité indonésienne.

 

Quels sont les résultats tangibles que nous sommes susceptibles d'observer ?

 

L'Indonésie est située sur la ceinture de feu du Pacifique, avec de nombreux volcans actifs et des tremblements de terre fréquents. Cela signifie également que l'archipel dispose d'énormes ressources géothermiques, estimées à 40 % du total mondial. De nombreuses centrales géothermiques fonctionnent déjà.

 

Cependant, l'exploitation de ces ressources se heurte à de nombreux défis technologiques. Les meilleures ressources de chaleur souterraine se trouvent généralement dans des montagnes ou des zones isolées. Le partenariat KINETIK pourrait contribuer à mettre en relation l'expertise minière australienne et les ressources thermiques profondes de l'Indonésie.

 

L'expertise australienne en matière d'utilisation des énergies renouvelables pour alimenter les communautés isolées sera essentielle pour faciliter l'exploration. De plus, les investisseurs australiens seront autorisés à détenir une part majoritaire dans les centrales géothermiques indonésiennes, ce qui pourrait attirer davantage de capitaux et de technologies pour surmonter les défis inhérents à l'exploitation de ces ressources.

 

Ces partenariats devraient s'aligner sur la politique énergétique nationale de l'Indonésie. Celle-ci vise à passer de l'exportation de ressources énergétiques brutes et de minéraux essentiels à l'exportation de produits énergétiques à valeur ajoutée par des projets autour des véhicules électriques et des batteries.

 

L'Australie abrite la plus grande mine de lithium en roche dure du monde, Greenbushes. Le nouveau partenariat permettra aux fabricants indonésiens de batteries d'accéder à ce métal essentiel.

 

L'Indonésie, quant à elle, est riche en nickel, un matériau crucial pour les technologies vertes et par son faible prix, elle a évincé certains producteurs australiens du marché. L'Indonésie a déjà conclu des accords commerciaux avec des fabricants de véhicules électriques et de batteries tels que Hyundai et LG de Corée du Sud, ainsi que Foxconn de Taïwan.

 

Cela sera-t-il suffisant ?

 

 

Sur le plan politique, les relations entre l'Indonésie et l'Australie ont longtemps été épineuses. Une nouvelle approche vers des investissements réciproques pourrait contribuer à les améliorer, d'autant plus cet accord est fortement soutenu par ces deux pays. Le développement des véhicules électriques en Indonésie était également l'un des principaux thèmes de campagne du nouveau président indonésien, Prabowo Subianto.

 

Du côté australien, l'accord renforce les efforts du gouvernement Albanese pour faire de l'Australie une superpuissance en matière d'énergie verte.

 

Bien entendu, de nombreux accords restent sur le papier et n'ont aucune incidence sur le monde réel. Mais celui-ci a de meilleures chances de succès, étant donné l'alignement entre les efforts de l'Indonésie pour s'intégrer dans la chaîne d'approvisionnement des véhicules électriques et le rêve de l'Australie de devenir une superpuissance verte.

 

Les accords bilatéraux de ce type montrent également à quel point le monde change. De plus en plus, la coopération entre puissances moyennes apparaît comme un contrepoids à l'intensification de la rivalité sino-américaine.

 

C'est aussi la preuve que l'Australie a pris conscience de la nécessité de construire plus activement des alliances dans la région indo-pacifique. 


First published in :

The Conversation

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Cahyani Widi Larasakti

Je suis doctorant à l'Université de Melbourne. Je m'intéresse à l'économie politique internationale du commerce dans le secteur de l'énergie. Avant de venir à Melbourne, j'ai réalisé mon mémoire de maîtrise sur les accords de libre-échange et les performances à l'exportation de l'Indonésie et de ses 50 partenaires commerciaux. En 2021, j'ai reçu une bourse de recherche internationale sur le contrôle des capitaux, les accords de libre-échange et le bien-être des pays de l'Institut coréen de développement. 

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