Energy & Economics
Élections 2025 : Les répliques du tremblement de terre révèlent le coût élevé de la démocratie au Vanuatu
Image Source : Shutterstock
by Anna Naupa
First Published in: Jan.10,2024
Jan.24, 2025
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La classe politique du Vanuatu, qui s'auto-sabote, a laissé le pays aux prises avec les conflits sociaux et économiques provoqués par les récentes catastrophes naturelles.
Entre les décombres du tremblement de terre de magnitude 7,3 qui a frappé la capitale du Vanuatu, Port Vila, le 17 décembre, et les élections anticipées prévues pour le 16 janvier, une nouvelle direction est nécessaire pour redéfinir la trajectoire de développement du pays.
Les troubles politiques persistants ont entravé la capacité de ce pays du Pacifique à faire face à une série de conflits sociaux et économiques qui se sont multipliés ces dernières années, en raison de catastrophes climatiques et d'autres catastrophes naturelles.
Le tremblement de terre est estimé à 244 millions de dollars (soit 29 milliards de VUV) de dégâts, et la capacité du gouvernement de Vanuatu à financer les réparations suite à la catastrophe, les élections et la reprise de la prestation des services publics nécessitera un leadership fort, engagé et stable.
Avant le tremblement de terre dévastateur et la dissolution spectaculaire du parlement le 18 novembre, l'économiste Peter Judge, de la société Pacific Consulting basée à Vanuatu, avait mis en garde contre une situation dite d'urgence économique qui est en train d'évoluer. L'économie de Vanuatu, qui pèse 1 milliard de dollars, était confrontée à une baisse inquiétante des recettes publiques provenant de la taxe sur la valeur ajoutée, en baisse de 25 % par rapport à l'année précédente.
Il s'agit-là des répercussions du déclin de l'activité économique après l'effondrement de la compagnie aérienne nationale Air Vanuatu en mai dernier, ainsi que de la chute des recettes du programme de citoyenneté par l'investissement, qui a connu des difficultés. Tous deux étaient rongés par le manque de contrôle des parlementaires.
En 2024, Vanuatu devrait enregistrer une croissance économique d'environ 1 %, alors qu'il s'efforce de sortir du rouge et de retrouver ses niveaux d'avant la pandémie.
À l'inverse, le Vanuatu présente un profil démocratique beaucoup plus positif, bien que quelque peu contradictoire.
Selon la Global State of Democracy Initiative, le Vanuatu est l'un des États les plus démocratiques de la région des îles du Pacifique et se classe actuellement au 45ème rang mondial.
Mais cette performance a un prix non négligeable. Le dirigeant est fréquemment remplacé, avec 28 premiers ministres pour un État qui existe seulement depuis 44 ans, dont 20 premiers ministres au cours des 25 dernières années, soit la fréquence de roulement la plus élevée de la région mélanésienne.
Les conséquences d'un leadership perturbé et de l'instabilité politique sont très visibles. La prise de décision et les prestations de services par le gouvernement sont d'une lenteur affligeante. Au Parlement de Vanuatu, le processus législatif est fréquemment reporté en raison de motions de censure régulières, et plusieurs projets de loi essentiels attendent toujours d’être consultés par les députés.
En octobre dernier, par exemple, le gouvernement de Vanuatu a proposé un budget 2025 inférieur de 10 % à celui de 2024, en raison du ralentissement de l'activité économique et de la baisse des recettes publiques.
Le Parlement n'a pas été en mesure d'approuver le budget de cette année en raison de sa dissolution soudaine le 18 novembre, deux ans et demi seulement après le début d'un mandat politique de quatre ans. Il s'agit de la deuxième dissolution présidentielle consécutive du Parlement, la précédente, en 2022, ayant également eu lieu à peine deux ans et demi après le début du mandat.
Le projet de loi sur l'affectation du budget 2025 attend maintenant la formation de la prochaine législature pour être approuvé. Pendant ce temps, les coûts de reconstruction après le tremblement de terre et de gestion des élections s'accumulent sous un gouvernement intérimaire.
Face à des difficultés économiques qui ne cessent de croître et à la lenteur de la croissance économique dans de nombreux secteurs, les électeurs recherchent des dirigeants capables de stabiliser les pressions croissantes liées au coût de la vie.
Le nouveau gouvernement devra s'attaquer d'urgence aux problèmes non résolus depuis bien trop longtemps concernant la fiabilité des transports inter-îles et de la connectivité aérienne, les salaires impayés des enseignants et de meilleures opportunités pour la jeunesse agitée du pays.
Le taux de chômage des jeunes est de 10,7 % et ne cesse d'augmenter.
La démocratie et la stabilité politique sont le Saint-Graal pour Vanuatu. Mais l'obtention de ce prix légendaire et prétendument miraculeux a un coût.
En réponse à l'activisme des citoyens et des jeunes à la fin de l'année 2023, qui réclamaient la stabilité politique et la transparence, le dernier parlement a approuvé un référendum national visant à rendre l'affiliation politique plus responsable et à mettre un terme au problème des candidats quittent leur parti pour se rallier à un autre. Les règles entreront en vigueur pour la première fois au cours de la prochaine législature.
Le référendum a été adopté avec succès le 29 mai 2024, mais a coûté 2,9 millions de dollars. Les élections anticipées de 2022 ont nécessité 1,4 million de dollars et celles de 2025 devraient en nécessiter 1,6 million de plus.
Bien que les recettes provenant des frais de candidature (250 000 USD) couvrent une partie de ces coûts, chaque transition de législature pèse également sur les finances publiques. Les 52 parlementaires sortants ont reçu 1,62 million de dollars de gratifications et d'avantages - soit environ 31 000 dollars par député - même si la plupart d'entre eux ne sont pas allés au bout de leur mandat. Le revenu annuel moyen des ménages de Vanuatu était de 9 000 dollars en 2020.
Quelle que soit l'issue des élections anticipées de 2025, le nouveau gouvernement devra se concentrer sur la stabilisation de la trajectoire de l'économie et du développement de Vanuatu.
La prochaine législature - la 14ème - devra s'engager en faveur de la stabilité dans l'intérêt de la population de Vanuatu et du développement de la nation. Les priorités primordiales du nouveau gouvernement devraient être l'adoption du budget national 2025 et la mise en œuvre d'un plan de redressement et de reconstruction après le tremblement de terre.
Au cours des 45 années qui se sont écoulées depuis l'abandon du joug colonial britannique et français, les citoyens ont accompli leur devoir électoral avec enthousiasme, dans l'attente d'un gouvernement national capable de faire progresser Vanuatu. Aujourd'hui, leur confiance semble s'estomper, après que le scrutin de 2022 a vu la participation des électeurs - un indicateur clé de la santé d'une démocratie - tomber sous la barre des 50 % pour la première fois depuis l'indépendance.
Cette élection doit donc permettre de rentabiliser l'investissement considérable réalisé dans les processus démocratiques de Vanuatu, à la fois en termes de coût financier pour les gouvernements successifs et les donateurs et, plus important encore, en termes de dividendes politiques pour les électeurs.
Anna Naupa est une universitaire ni-Vanuatu et actuellement doctorante à l'Australian National University. Les opinions exprimées ici sont les siennes et ne reflètent pas la position de BenarNews.
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Anna Naupa
Anna Naupa est une universitaire ni-Vanuatu et actuellement doctorante à l'Université nationale australienne.
