Diplomacy
L’Allemagne se prépare à des élections anticipées suite à l’effondrement de la coalition d’Olaf Scholz
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First Published in: Nov.12,2024
Nov.18, 2024
Il est prévu que l’Allemagne organise des élections anticipées en février, suite à l’accord que le chancelier Olaf Scholz aurait apparemment conclu avec les politiciens de l'opposition en vue d'un vote anticipé.
L’effondrement récent de la coalition de Scholz a rendu très probable un vote de confiance sur le gouvernement, bien que Scholz avait insisté pour qu'il ait lieu au cours de la nouvelle année. Les rapports laissent maintenant entendre qu'il aura lieu avant Noël et, comme il est attendu que Scholz perde, cela mènerait bien certainement à la dissolution du parlement dans les 21 jours et à l'organisation d'une élection dans les 60 jours suivants.
Friedrich Merz, le leader de l'opposition chrétienne-démocrate (CDU/CSU), a pris la tête de la campagne en faveur d'un vote anticipé. La CDU/CSU est largement en tête des sondages et a promis en échange d’un vote immédiat de rendre possible l'adoption de lois clés.
La coalition tripartite que forment le SPD social-démocrate de Scholz, les Verts et le FDP libéral a connu une période difficile. Les récents événements ont accentué les divergences politiques : la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui en a résulté ont en particulier exacerbé les tensions entre le FDP, partisan de l'équilibre budgétaire, et le SPD et les Verts, partisans de l'investissement. De plus, il y avait d’évidents désaccords quant à la politique du climat, des transports et de l'énergie. On note que le FDP est le seul des trois partis à être pro-nucléaire.
La situation s'est encore aggravée à la suite du verdict de la cour constitutionnelle fédérale. Celle-ci a fixé des restrictions majeures sur les emprunts publics en imposant une interprétation des restrictions sur l’endettement public rigide. Une révision à la baisse des prévisions de recettes fiscales le mois dernier a instantanément empiré la situation.
Ces challenges ont conduit à un cercle vicieux de querelles politiques. L'Allemagne organise régulièrement des élections régionales et, dans l'ensemble, les trois partenaires de la coalition ont depuis leur arrivée au pouvoir obtenu de mauvais résultats. Plus récemment, trois États de l'Est ont enregistré des résultats électoraux records pour le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).
A la suite de telles défaites, les dirigeants des partis se sont sentis dans l’obligation d'accroître leur visibilité en faisant s’aligner leurs priorités avec les préoccupations politiques des citoyens. En faisant cela, ils ont hélas renforcé l’image d’un gouvernement chaotique et désuni. Selon un récent sondage Deutschlandtrend, seuls 14 % des citoyens sont satisfaits du gouvernement, contre 85 % d'insatisfaits.
La situation a atteint son paroxysme lorsque le chef du FDP et ministre des finances, Christian Lindner, a présenté une liste énumérant les exigences de ses partenaires de la coalition - incluant notamment d'importantes réductions sur l’impôt et les dépenses. Lindner savait que ces exigences seraient très certainement refusées. Les dirigeants de la coalition se sont réunis mercredi, mais aucun accord n'a été trouvé, ce qui a conduit M. Scholz à congédier M. Lindner, mettant définitivement fin à la coalition.
Durant une conversation animée où ils ont échangé leurs opinions, M. Scholz à qualifié M. Lindner de « mesquin » et d'« irresponsable ». La décision du FDP de se retirer tout juste après la victoire de Donald Trump aux élections a été tout particulièrement critiquée. En effet, il aurait été préférable à ce moment-là de maintenir la stabilité.
Lors de son remaniement ministériel pour la période transitoire, effective maintenant et jusqu'aux élections anticipées, M. Scholz a nommé un nouveau ministre des finances, Jörg Kukies, issu de son propre parti. L'un des ministres du FDP, Volker Wissing, a refusé de suivre l'exemple de Lindner et est resté au sein du cabinet. Il restera ministre des transports et s’ajoutera à ses attributions la justice. Le ministre de l'agriculture des Verts s'occupera également de l'éducation.
Dans ces conditions, il est possible que le Parlement ne parvienne pas à trouver un commun accord en ce qui concerne le budget pour l'année civile 2025 et qu'il décide de reconduire les plans de dépenses existants, ce qui ne serait pas inhabituel bien que généralement appliqué sur une plus courte période. En effet, cela s’était produit au début de cette année, après que le verdict de la cour constitutionnelle ait nécessité une réécriture du budget 2024.
Il serait possible de dégager des fonds supplémentaires pour l'Ukraine et il est peu probable que les autres partis au Parlement les bloquent - bien que la CDU/CSU ait indiqué qu'elle ne soutiendrait pas la proposition du SPD de suspendre les restrictions constitutionnelles sur la dette pour dégager des fonds supplémentaires pour la défense.
Comment l'élection pourrait se dérouler
Un sondage rapide a révélé un fort soutien en faveur d'élections anticipées. Dans l'état actuel des choses, le résultat le plus probable est un gouvernement CDU/CSU dirigé par Friedrich Merz, chef de file de la CDU, avec le SPD comme partenaire de coalition junior.
L'AfD est actuellement en deuxième position dans les sondages, mais tous les partis ont exclu toute forme d'accord de coalition avec elle. En 2021, il semblait possible de former une coalition CDU/CSU-Verts (comme cela a été pratiqué à grande échelle au niveau des États). Mais, sous la direction de Merz, la CDU s'est déplacée vers la droite et s'est livrée à un tel dénigrement des Verts qu'une telle initiative semble peu probable, quant bien même celle-ci obtiendrait une majorité (ce qui, selon les sondages actuels, ne sera pas le cas).
Le FDP se bat pour sa survie, les sondages actuels ne lui accordant même pas les 5 % de voix nécessaires pour être représenté au parlement. L'alliance populiste de gauche Sahra Wagenknecht (BSW) semble prête à entrer au parlement pour la première fois.
Il est remarquable que seulement quelques heures après que le continent ait reçu l’immense défi que représente l'élection de Trump, le plus grand État membre de l’UE ait choisi de détruire son gouvernement. Mais, des mécanismes constitutionnels ont été mis en place afin de préserver le bon fonctionnement de la politique allemande. Le résultat le plus probable des élections - une coalition CDU/CSU avec le SPD - est un modèle testé et éprouvé qui offrira au moins une certaine forme de stabilité.
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Ed Turner est lecteur en politique à l'Université Aston de Birmingham et codirecteur de l'Aston Center for Europe. Il a rédigé son doctorat sur l'impact des partis politiques sur la politique publique au niveau infranational en Allemagne et conserve un vif intérêt pour tous les aspects de la politique allemande moderne. Il a participé à plusieurs projets de recherche financés par le Service allemand d'échanges universitaires (DAAD), sur la démocratie chrétienne, le fédéralisme, le logement et plus récemment la social-démocratie. Il est actuellement président par intérim de l'Association internationale pour l'étude de la politique allemande.
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